L'histoire :
Marcus Dickson est un militaire de carrière dans l'Armée française. Formé tout d'abord à West Point puis à l'école Spéciale de Saint-Cyr, il est rompu à de nombreuses formes de combat et il est un fin tacticien. C'est au cours de sa formation aux Etats-Unis qu'il rencontre celle qui deviendra sa femme. Ensemble, ils auront deux enfants. Malheureusement, la famille de Marcus périt lors des attentats du 11 septembre, le laissant brisé. Marcus se jette alors corps et âme dans son métier en s'engageant dans l'armée de terre qui finira par l'exclure de ses rangs. Finissant comme mercenaire, il finit dans un hôpital psychiatrique militaire où les membres d'Auratys System menèrent d'étranges expériences sur lui, décuplant ses capacités déjà admirables. Réemployé par le gouvernement, Marcus est désormais le Coq Gaulois et se retrouve déployé aux quatre coins du monde afin de défendre les valeurs de sa patrie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Souvent, dans ce métier et après avoir lu quantités de comics d'excellente qualité, il arrive qu'on oublie la notion même d'accident industriel. Mais à chaque fois, une pépite de caca échoue tristement dans nos bacs et nous rappelle plus ou moins brutalement cette notion. Une critique négative n'est cependant pas la chose la plus simple à aborder. Il faut déjà, par exemple, considérer à qui l'on s'attaque. Il est nettement plus simple de descendre en flammes une superproduction dès lors que l'envergure des moyens déployés devraient, semble-t-il, être la gageure d'une certaine qualité. À l'inverse, tabasser un artisan à distance, ce n'est pas le genre de la maison. Alors tachons d'être constructifs. Le Coq Gaulois, de son vrai nom Marcus Dikson, se prévaut de valeurs similaires à celles du Garde Républicain de Terry Stillborn. Super-Héros français, républicain, athée et laïc, il défend le territoire et la république de par le monde. L'expérience militaire de son auteur, Pascal Pelletier, est clairement visible et le Coq est fréquemment envoyé en fer de lance d'authentiques opérations militaires françaises. Là où on a d'emblée un problème, c'est sur le visuel. Les plans repris de photos ou d'autres illustrations et modifiés sur Photoshop puis retracés sont très nombreux et de rapides recherches sur le net ramènent vite à la surface les images d'origine. En soi, ce ne serait pas un réel problème si cela n'affectait pas à la fois le design (on reconnait très facilement la base Starfleet tirée de Star Trek ou les uniformes de Galactica dans le récit se déroulant en 3024, une copie calque d'Iron Man – quoi qu'on en dise –, des scènes calquées sur le film « The Jacket »...) mais aussi la cohérence (les passagers des vols du 11 septembre clairement tirés d'une illustration des années 50, l'avion qui part pour NY alors alors que tous les avions détournés ce jour-là partaient de NY pour la Californie, la planche illustrant la rencontre de Marcus avec sa femme où tous les deux changent d'apparence à chaque case, etc). En ce qui concerne le contenu de chaque récit, le manque de coordination entre les cases gêne déjà la lecture mais, surtout, les scripts eux-mêmes sont confus et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, seules quelques histoires en sont réellement. Souvent, on suit le Coq Gaulois au cours d'une opération, le Coq fait sauter un tank – ou autre chose, ça a l'air d'être une passion chez lui – et fin. Pas de morale, pas de progression du personnage. On a même droit, une fois, au récit de la liste des dégâts infligés à l'ennemi, au litre de carburant et au mètre carré de bâche près, débité avec le sérieux d'un Roger Gicquel en pilotage automatique. Une autre cause de la confusion générale est que Pascal Pelletier s'y connait clairement en armement et en jargon militaire. Malheureusement, ce jargon n'est jamais explicité et le pauvre civil doit sans cesse puiser dans ses minces références pour s'y retrouver. Or ce pourrait être un des points forts de ce titre. La mise en place d'un lexique voire même d'une petite page expliquant les tactiques ou replaçant les événements réels dans leur contexte géopolitique caractériserait le Coq Gaulois et le placerait comme un héros militaire – et il n'y a rien de mal à ça – et patriote, dans la droite lignée des Sgt. Rock et autres Buck Danny. Tiens, d'ailleurs, en parlant de Buck Danny et quitte à passer pour une petite fleur sensible, il serait bon de revoir le traitement des différentes ethnies car le Coq Gaulois souffre de la même maladresse dans son traitement des ethnies étrangères qu'un Slim Holden ivre mort... dans les années 50 (cf le récit "Le Coq rit jaune", rien que le titre). Pour finir, nombre de récits se terminent en queue de poisson sans que l'on comprenne même pourquoi ils ont commencé. Un épisode se déroulant en 1789 donne la furieuse impression de prendre place plusieurs siècles auparavant – on croise des chevaliers en armure dans les rues – et même s'il est une des histoires les moins susceptibles de générer une conjonctivite et que le doux parfum de Timour qui s'en dégage commence à laisser envisager le début d'une prise de sauce, ce récit se conclut de manière brutale et ne sert que de référence à un récit contemporain qui suit, sans guère plus de détail. Nul doute que le lien sera plus explicité, à un moment – il s'agit de la saison 1, après tout – mais, au sein du recueil, cette rapide alternance entre les époques (des histoires dans le futur, d'autres dans le passé) nuit. Qu'il s'agisse du trou carré du passé, du trou rond du présent ou du trou étoilé du futur, le héros hexagonal ne semble trouver sa place nulle part, pressé qu'il est à en découdre à coups de grenades. Ajoutons à cela des fautes d'orthographe ici et là. Bien sûr, tout espoir de trouver quelque chose d'intéressant passe par la fenêtre après la première vingtaine de pages, mais on en vient à parcourir le reste avec fébrilité, un peu comme si ce Coq Gaulois était le The Room du French Comics (notons qu'à l'export, il faudra bien traduire par « The Gallic Rooster » et non « The French Cock », au risque de faire jaser). On s'arrêtera là, tout le monde doit avoir compris. En dépit des intentions et de la passion visible de l'auteur, il y a beaucoup trop de problèmes. Le travail restant à faire est encore considérable et, malgré son caractère unique de « military porn » patriote, vous comprendrez qu'au vu des œuvres de qualité supérieure disponibles pour la moitié du prix de ce recueil, il nous est impossible de vous le recommander. Mais il n'empêche qu'on aurait bien aimé savoir si Hamid l'a eu ou non, son fichu thé.