L'histoire :
Une jeune femme s'est assise sur un banc dans un parc. Elle observe le monde autour d'elle : les couples qui se regardent dans les yeux, les enfants qui ne quittent pas leur maman, les personnes âgées qui font leur petit tour. Elle est tirée de la lecture de son magazine par un oiseau qui s'approche d'elle, mais s'envole aussitôt. Lassée, elle finit par prendre le chemin du retour pour rentrer chez elle. Elle voit un groupe de femmes en terrasse, qui s'exclament devant la bague de fiançailles de l'une des leurs. Elle passe devant des vitrines de magasins de sous-vêtements, incitant à être toujours plus mince et désirable... Et dans toute cette foule de la ville, du métro, elle se sent pourtant bien seule. Durant le trajet en métro, elle remarque un homme un peu plus loin, et son regard se fixe sur lui. Elle devient rouge, il lui plaît. Le regard de l'homme croise le sien et se baisse aussitôt. Il se replonge directement dans la lecture de son journal. Une nouvelle désillusion. Autour d'elle, tout incite au couple, à l'amour. Elle n'en a cure et sort en pyjama dans la rue pour aller s'acheter à manger à la pizzeria-kébab du coin. Elle n'est pas seule. Un jeune homme a pris la même décision. Mais leurs regards ne se croisent pas. Lui aussi se sent bien seul, toujours incité à la virilité, au machisme. Mais lui qui est plutôt discret, ne se reconnaît pas dans ces standards véhiculés par la société.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jeune autrice, Sophie Burrows nous présente un roman graphique quasiment sans un mot. Du moins, sans un mot des personnages principaux. Elle nous raconte l'histoire d'un homme et d'une femme, qui doivent affronter la solitude et qui aspirent à l'amour, à la rencontre. Elle, cherche autant qu'elle peut à créer du lien parmi la foule, par des jeux de regards. Lui n'est pas à l'aise en société et a peur d'aller vers les autres. Ils n'ont pas les mêmes approches, mais sont pourtant seuls dans une grande ville. Nous suivons leurs pérégrinations, leurs espoirs, les hauts et les bas, leur recherche de l'amour. Et si l'amour pouvait se trouver au coin de la rue ? Avec beaucoup de poésie et par la force du dessin, Sophie Burrows véhicule des émotions avant tout, des ressentis. Elle crée des situations de gêne, de doute, d'attente, de surprise. A travers son choix de couleur (du noir et blanc), elle met en avant la tristesse et le désarroi des personnages par rapport à ce monde qui les entoure. Et en ajoutant une touche de rose sur ses deux protagonistes, elle ajoute de l'espoir, de la vie, du romantisme. A l'heure du numérique et de la crise sanitaire, où les contacts humains se font de plus en plus rares, elle montre à quel point la solitude peut nous ensevelir. Ce récit doux et touchant nous emporte par son dessin et par la sincérité de son propos.
