L'histoire :
Valentina Trân n'a pas toujours détesté la Saint-Valentin. Au contraire, même ! Lorsqu'elle était enfant, c'était son jour favori. Elle l'attendait avec autant d'impatience que les enfants de son âge attendent Noël. Lorsqu'après son cours de danse elle en avait parlé à sa meilleure amie Bernice, celle-ci l'avait trouvé bizarre mais ne lui en avait pas tenu rigueur. Valentina elle, n'avait qu'une hâte, rentrer chez elle et ouvrir sa boîte aux lettres. Car depuis toujours, elle recevait une carte de Saint Valentin non signée, et elle les conservait précieusement, en attendant avec impatience la prochaine. Elle s'était façonné un meilleur ami imaginaire, prenant l'apparence d'un petit cupidon, et qui s'appelait Saint V : il la poussait à s'impliquer chaque année dans la création de cartes de la Saint Valentin à destination des gens qu'elle aimait. Alors, elle en créait une pour son père, qu'elle lui déposait en secret. Tous les deux vivent seuls depuis la mort de la maman de Valentina. La jeune fille ne l'a d'ailleurs jamais connue, et son père a toujours refusé de lui en dire davantage, sûrement traumatisé par la perte de son grand amour. Pour lui remonter le moral, Valentina lui écrivait chaque année une lettre d'amour de la part de sa mère disparue. Et puis, elle en créait aussi pour chaque élève de sa classe et elle les déposait dans leurs casiers. Ce petit rituel la rendait heureuse et réjouissait aussi son entourage. Mais un jour, sans qu'elle n'y prenne garde, lors de son année de seconde, tout bascule. C'est sa dernière Saint Valentin, avant qu'elle ne déteste catégoriquement cette fête stupide...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste américain d'origine chinoise Gene Luen Yang a déjà reçu dix Eisner Awards. Il place toujours au centre de ses récits sa double identité. Pour cet épais roman graphique, il est accompagné par LeUyen Pham, une illustratrice vietnamienne de livres jeunesse. La pagination importante peut rebuter certains lecteurs... Ce serait dommage, car l'ouvrage se lit d'une traite. La lecture est fluide, facile et nous plonge dans un récit mêlant à la fois romance et une quête identitaire du personnage principal. Valentina n'a pas un nom choisi au hasard. Elle l'honore chaque année en vouant un culte à la fête de la Saint Valentin. Elle aime distribuer de l'amour et de l'espoir autour d'elle. Chaque année, elle a son rituel, qu'elle a mis en place depuis l'enfance. Or l'année de son entrée au lycée, tout bascule. Son regard sur cette fête est chamboulé. Pour ne pas vous divulgâcher le reste de l'histoire, nous n'en dirons pas plus, si ce n'est que le scénario bascule dans une dimension fantastique. Il va entremêler des choix amoureux pour Valentina, mais aussi une quête de vérité sur ses origines et sa famille. Le scénariste propose également une vision crédible et probable de la vie d'une jeune adulte américaine, dans une famille multiculturelle, qui expérimente ses premiers émois. Au fil des chapitres, nous suivons sans difficulté l'évolution de Valentina. Celle-ci ne sait plus si elle est encore à la recherche du grand amour, s'il existe réellement, si elle peut prétendre à ce genre de rêve... car les expériences précédentes de sa famille pourraient lui laisser supposer qu'ils sont victimes d'une malédiction. Les illustrations sont très réussies et maîtrisées. L'illustratrice s'affranchit souvent des cases préconstruites de la BD. Ce titre très réussi séduira autant le lectorat young adult que les plus grands. Il n'est jamais mièvre et déroule un discours intelligent et une histoire riche. Une belle surprise !