L'histoire :
Depuis la mort de Josefin, Alena n'est plus une jeune fille comme les autres. Elle était plus qu'une amie, une confidente de tous les instants, avec qui elle partageait tout. Y compris les histoires de cœur, jusqu'au soir fatidique où Alena a rendu son amie jalouse parce qu'elle avait rencontré un garçon, et où Josefin était montée, dans un accès de colère, sur le parapet du pont. Dans son école privée où elle côtoie des jeunes gens issus de familles très riches, Alena est tenue à l'écart par les fortes personnalités. Elle subit les moqueries de Filippa, arrogante fille à papa qui la méprise et l'accuse d'avoir provoqué le suicide de sa meilleur amie. Un soir, dans sa chambre, Alena décide de prendre son destin en main et coupe ses cheveux longs qui lui donnaient un air trop gentil. Elle ne se laissera plus faire, elle dira ce qu'elle pense plutôt que ruminer en silence. Elle va ressembler à Josefin, s'assumer comme une jeune fille à la forte personnalité. Les filles de l'école vont très vite remarquer le changement, et les garçons la verront forcément d'un œil différent. Tandis qu'elle regarde son nouveau visage dans le miroir, la silhouette morbide de Josefin se tient derrière elle, pose une main décharnée sur son épaule et approuve.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'histoire d'Alena commence comme un film pour ados en quête d'identité, mais va progressivement plonger dans une noirceur tout à fait réjouissante. Nouveau venu dans nos librairies, Kim W.Andersson est un auteur suédois confirmé, qui a déjà un nom dans son pays et dans l'univers des comics US. Son style délibérément inspiré des auteurs américains alternatifs (dont Jaime Hernandez, mais aussi Bernie Wrightson dans des contre jours angoissants) réalise une sorte de pont entre le semi-réalisme franco-belge et les bandes dessinées d'horreur des années 70. Souple et volontairement excessif, il abuse des projections de sang et autres visages déformés par des grimaces, mais contrôle parfaitement ses effets dans un crescendo très prenant. L'auteur complet conduit son récit avec une maîtrise parfaite de la narration, apportant petit à petit les éléments d'un suspense efficace, entrecoupé de scènes gores dont l'horreur de série B assumée va croissant. Alena est un one-shot réussi qui se lit sans recul, comme on regarde un film de genre avec la volonté de passer un bon moment. C'est pas du Godard, mais ça fonctionne !