L'histoire :
En 1858, des bandits du Colorado, appelés les Oklahombres, font un raid sur un village navajo. Une jeune et courageuse indienne, prénommée Nasha, se rebelle alors et parvient par surprise à neutraliser et menacer leur chef, Dean Frost. Par rétorsion, le second chef, prénommé Amos, coupe la main de la mère de la jeune fille. Les choses s’enveniment et c’est un carnage. Frost parvient à s’échapper avec un sac plein de bijoux indiens... mais aussi la main coupée de la squaw dans le sac. Soit un « butin maudit ». La jeune indienne est capturée par les blancs et confiée aux « bons soins » d’un éleveur local, le cruel Bass. Frost, lui, abandonne son trésor maudit dans une ville fantôme et il fuit la région après avoir récupéré sa fille Scarlett, qui était jusqu’alors éduquée par une gentille tenancière de saloon. 11 ans plus tard, Scarlett a bien grandi. Elle a requis les compétences d’un mercenaire appelé Jackal, une tête brûlée, pour qu’il l’aide à retrouver le trésor maudit. Cet argent devrait lui permettre d’acheter la liberté de son père, condamné à être pendu pour vol de chevaux. Elle revient ainsi dans le Colorado et passe saluer sa mère adoptive au saloon de son enfance. Hélas, c’est ici aussi que se trouve toujours Amos, qui reconnait un des bijoux navajo, et se souvient du trésor empoché par Frost. Amos prend donc Scarlett et Jackal en filature, non sans avoir prévenu auparavant Bass et ses hommes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture sanguinolente ne fait pas mystère de l’orientation quelque peu horrifique de ce western en one-shot et en noir & blanc. Elle est d’ailleurs l’une des plus « belles » dans le registre gore ; les amateurs apprécieront. Pour autant, le gore ne prédomine pas supérieurement dans les mésaventures de ce cow-boy mercenaire surnommé Jackal. Le scénario de Philippe Thirault nous fait initialement découvrir cette tête brûlée comme un personnage secondaire, plutôt taiseux et sans charisme… mais son talent pour la survie et son cuir tanné finissent par le faire passer au premier plan. Il est pourchassé, cogné, blessé, flingué, noyé, mais il s’en sort toujours. Son second atout est d’être relativement irrésistible auprès de la gente féminine. Cet avantage lui confère d’autant mieux le statut de héros, que les vilains contre lesquels il a maille à partir sont vraiment super vilains. On croise notamment un certain Jeremiah Johnson, serial-killer qui s’inspire plus de la légende de « Johnson le mangeur-de-foie » que du personnage incarné par Robert Redford dans le film éponyme (de Sydney Pollack). Ponctuée par de nombreux rebondissements, l’aventure imaginée par Thirault n’est absolument pas morale – l’ouest américain ne l’était guère – mais parfaitement divertissante et inventive. Elle s’appuie sur un dessin au semi-réalisme extrêmement dynamique, signé Brice Bingono. Les profondeurs de champ, les cadrages alambiqués, la patine charbonneuse, la gestion des mouvements, les trognes patibulaires, les chevaux et la savante mise en scène du chaos, compensent largement un léger manque de lisibilité dans la composition des cases et la succession des actions. En somme, de la bonne série B de western horrifique…