L'histoire :
En 1951, deux femmes – une mère et sa fille – roulent de nuit sur la route 51 reliant Sacramento à Carson City, à proximité de Placerville (Californie). La route forestière est longue, sinueuse, enneigée et peu fréquentée. Soudain, l’une d’elles aperçoit quelque chose de totalement incongru sur le bas-côté : une fillette debout dans la neige, en chemise de nuit, de longs cheveux noirs qui masquent son visage. Le temps de la stupeur, les deux femmes font demi-tour après un mile… Et retrouvent la fillette dans la même posture, mais à une distance de seulement un demi mile. Elles s’arrêtent et ouvrent la vitre pour lui proposer de l’aide. La fillette se retourne et… on ne retrouvera jamais les deux femmes. 65 ans plus tard, le jeune shérif Stasser prend son service à Placerville. En discutant avec la serveuse du snack et des collègues, il décide d’aller faire un tour chez le vieux Holzman, un ermite quelque peu associable, dont l’absence prolongée en ville est suspecte. Stasser prend la route de la propriété paumée de Holzman dans les bois. Sur place, il le cherche et le hèle… en vain. Il le retrouve mort dans sa serre, sans doute empoisonné par le venin d’une des grosses araignées qu’il collectionne.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La collection Flesh&Bones de Glénat rassemble des récits originaux plutôt horrifiques, en noir et blanc, dans un format comics à reliure souple. Christophe Bec répond en tous points à ces principes avec le scénario de ce thriller fantastique en one-shot, qui se propose dès la couverture de vous faire frissonner. Les cinéphiles qui ont apprécié The ring trouveront d’ailleurs peut-être le caméo un peu osé : la même fantomatique fillette en chemise de nuit se tient pareillement immobile avec les longs cheveux noirs qui lui masquent le visage. Sauf qu’ici, elle ne sort pas d’un puits, mais d’une forêt lugubre et épaisse, comme il en existe des tas aux USA en bordure des Rocheuses. Le milieu rural américain est également un classique du registre d’épouvante (cf. la plupart des Stephen King), tout comme le fantôme en bordure de route (la dame blanche). Bref, Bec utilise et rassemble ici moult ficelles éculées, sans grande originalité… mais il le fait bien. Entre flashbacks et séquences terrifiantes, les lecteurs qui aiment avoir la chair de poule se laisseront mener sans déplaisir jusqu’au terme de l’enquête menée par un flic consciencieux. D’autant plus que le dessin soigné de Cyrille Ternon permet une immersion réaliste dans le brumeux décor forestier et la vie d’un petit patelin paumé dans la forêt.