L'histoire :
En mars 1934, à Providence, Howard Phillip Lovecraft a une nouvelle fois une nuit agitée. Il repense encore à l'histoire qui lui fut conté il y a plusieurs mois de cela. Régulièrement, il avait l'habitude de se retrouver avec d'autres romanciers pour parler de leurs créations passées et futures. Un jour, Robert Howard vint accompagner par un certain Grogan Masson. Ce pharmacien et botaniste a déjà écrit quelques nouvelles et fait part à la petite assistance d'une aventure qu'il a lui-même vécu quelques années plus tôt, un voyage qui l'a mené dans l'Antarctique et où il aurait découvert le Sphinx des neiges. Il leur raconte alors comment il a pu monter à bord de l'expédition de Sir Samwell-Smith, en tant qu'aide-cuisine, et comment le voyage s'est vite transformé en véritable enfer. Après plusieurs jours, une forte tempête secoue l'équipage, des membres meurent ou disparaissent, la silhouette d'une femme est aperçue,... Au fur et à mesure que le bateau s'approche du pôle sud, la tension devient insoutenable parmi les membres restants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Progressivement, la collection Flesh Bones des éditions Glénat s'étoffe avec des titres la plupart du temps de qualité. Avec Voyage au pays de la peur, le scénariste Rodolphe choisit de remanier la mythologie entourant le fameux Howard Phillip Lovecraft en racontant comment le romancier se serait vu conter une histoire qui le hantera des nuits durant. Dès les premières pages, le lecteur va plonger dans un récit à l'atmosphère particulièrement soignée. L'ambiance étrange omniprésente dans les romans de Lovecraft est ici retranscrite avec justesse par le biais d'un découpage efficace et de dialogues immersifs. On a parfois l'impression que la folie nous guette au détour d'une page... Si la narration est vraiment bonne, on regrettera juste un léger creux au deux tiers de l'album. Aux dessins, nous retrouvons Jean-Jacques Dzialowski dont le trait, entre réaliste et minimaliste, allié aux nuances de gris, permet de plonger plus profond dans les eaux troubles de cette sombre expédition. On notera cependant quelques pages en deçà en terme de finition vers le milieu de l'ouvrage. Même si nous sommes loin de l'excellent Providence d'Alan Moore, Voyage au pays de la peur apporte son lot de sueurs froides et se montre aussi inspiré que plaisant à lire. De quoi combler l'amateur du genre...