L'histoire :
30 avril 1897, Munich. Jonathan Harker est un notaire anglais en villégiature. Par cette journée magnifique, il part en excursion et reçoit cet avertissement adressé aussi au cocher : « Soyez de retour avant la nuit, un orage se prépare. Et vue la nuit dont il s'agit… ». A l'orée d'une forêt, il souhaite prendre une route, apparemment peu empruntée et qu'il trouve charmante. Mais le cocher est effrayé. « Bitte, Herr Harker, pas… pas par là… C'est …C'est Walpurgisnacht ! ». Une nuit sacrée et maudite à la fois, qui précède la Saint Georges et qui voit, selon la légende, les forces du mal déferler sur la Terre à compter de minuit. Un brin suffisant, l'Anglais fait fi des avertissements qu'il reçoit et choisit de s'aventurer à pied. Il renvoie vertement le cocher et sa calèche. Il est alors bien loin de se douter que cette nuit changera à jamais sa vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Leah Morre est la fille d'Alan. C'est aussi l'épouse de John Reppion et le couple a choisi la voie la plus classique pour adapter le roman de Bram Stocker, car ils se sont appuyés sur la trame originale. N'attendez donc pas d'elle l'excentricité qui caractérise son père, il s'avère que c'est même tout le contraire qu'elle traduit dans ce travail, que Grah Zeppelin réédite après que Panini l'ai proposé en 2010 et 2011, sous la forme de deux volumes. La narration reprend en effet le principe même des écrits originaux, en reproduisant le récit des déboires qu'en font les personnages principaux, façon «cahier de témoignage». Rien que par cette forme de narration, les auteurs honorent leur ambition d'être fidèle à ce monument de la littérature. Les textes s'avèrent donc abondants et ils créent aussi l'ambiance suffocante qui prend en otage le lecteur et ne le lâche plus. En effet, c'est toute la dimension de la psychologie des personnages, leur effroi, l'épouvante qui finit par les embrasser mortellement, comme le comte le fait lui même, qui constitue l'essence même du récit. Dracula est donc suggéré, comme dans le roman, bien plus que montré. Symboliquement, il est aussi furtif et vaporeux que quand il utilise ses capacités de métamorphe et c'est cet aspect sobre qui nous a également séduits. Ici, on échappe au stéréotype sanglant, on s'éloigne radicalement de «l'animal de foire» trop souvent mis en scène. Ce Dracula ne verse aucunement dans le spectaculaire gore et cela se traduit aussi dans les dessins, qui relèvent d'ailleurs de la peinture. Le parti pris esthétique est audacieux, car on est en présence de codes graphiques rappelant ceux du Romantisme, avec des poses figées, comme si le temps s'était arrêté. Cela peut s’avérer désarçonnant, tant on est éloigné des standards des comics actuels, mais encore une fois, cela colle parfaitement aux nobles ambitions des auteurs. Voici donc une version «pure» de Dracula et qui sera donc, sans nul doute, séduisante aux yeux des lecteurs et lectrices attachés à sa version originale.