L'histoire :
Jadis, l’apache Cochise enseignait la création de la nature, des oiseaux et des bêtes, à son fils Naiches et à son ami Goyahkla. Il expliquait que la guerre entre les oiseaux et les bêtes avait commencé, pour ne jamais s’arrêter. 17 ans plus tard, au Mexique, Goyahkla est plongé dans une affliction sans borne. Sa femme, ses enfants et sa mère viennent d’être massacrés, gratuitement. De retour au clan en compagnie d’une poignée de guerriers, il vient de retrouver leurs dépouilles décharnées. Plus aucun mot ne sort de sa bouche. Comme l’exigent les traditions, il procède dans le calme et en silence à leur inhumation sur un bûcher. Il reçoit alors une prémonition, apportée par un aigle royal : les « yeux blancs » n’auront plus que la foudre, il ne devra craindre aucun homme car nul fusil ne le tuera. A partir de ce jour, il décide de conduire la vengeance des apaches contre les mexicains. En compagnie de Cochise, il demande l’aide des Chiricahuas, dirigés par le chef Mangas ; puis des Chihennes, commandés par Victorio. Ensembles, ils mènent un raid sanglant sur un village mexicain, le jour de la fête de Saint Jérome. Goyahkla se montre particulièrement impitoyable, comme dénué de toute émotion. Il y gagnera le surnom de « Géronimo »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Géronimo est sans doute le plus célèbre des guerriers apaches. Il illustre à lui seul la résistance jusqu’au-boutiste des peaux-rouges face au génocide méthodique appliqué par les colons occidentaux. Son destin tragique est fondateur de l’Histoire de la jeune Nation Etats-Unienne, quand bien même celle-ci ne l’a guère commémoré. Marqué par une anecdote de son enfance, l’acteur américain Ethan Hawke se transforme ici en scénariste pour faire œuvre de Mémoire, rendant à ce guerrier les honneurs que la postérité a bafoués. « Indeh », dans le dialecte apache, signifie « le peuple des morts », par opposition à « Indah » (peuple des vivants). C’est sous ce terme que les apaches menés par Géronimo se sont considérés dès lors qu’ils ont accepté – sur le tard – leur réédition au sein d’une réserve préservée des « yeux blancs ». Avec le souci de la vérité crue, Hawke retrace assez justement cette période des guerres indiennes, mais par le truchement d’une narration distante, contemplative et peu immersive… voire par moment emphatique (le parallèle avec la création biblique peut même paraître hors-sujet). Sans doute satisfait-il aux canons hollywoodiens, qui appesantissent nombre de créations, une fois abordés depuis notre rivage de l’Atlantique. Il s’appuie néanmoins sur le talent du dessinateur Greg Ruth, dont les crayons infographiques et brossés en noir et blanc font des merveilles. Avec une savante gestion des premiers plans bien marqués et des arrière-plans éthérés, Ruth magnifie les décors rocheux, les chevaux en mouvement, les visages burinés… Le souffle épique est là et la Mémoire rendue.