L'histoire :
Anzu est une jeune fille qui vient d'emménager avec sa famille dans une nouvelle ville. Ils ont encore beaucoup de cartons à déballer, mais sa maman et son petit frère préfèrent profiter de ces instants pour célébrer le dernier jour d'Obon. Cette festivité est célébrée par les familles pour chérir leurs ancêtres et leurs souvenirs. Le père d'Anzu constate que la jeune fille n'est pas avec sa mère et son frère. Il décide de monter à l'étage pour lui rendre visite. Elle semble triste et songeuse. Elle est assise au milieu des cartons et annonce qu'elle va jeter ses mangas. Son père ne comprend pas, elle les aime tant... A l'école, personne ne lit ce genre de choses. Et elle se sent trop différente, invisible. Il tente de la réconforter et l'invite à rejoindre le reste de la famille pour préparer Obon. Mais depuis la mort de sa grand-mère, Anzu évite ces festivités familiales, se replie sur elle-même et refuse d'effectuer les prières pour honorer ses ancêtres. Elle passe en coup de vent sous les yeux de sa maman attristée, et sort à l'extérieur. Alors qu'elle s'agace en sautant sur la poubelle, elle est interrompue par un garçon du quartier qui vient vers elle en vélo. Il lui demande son nom et elle répond... Anne. Elle n'assume pas son vrai prénom. Son petit frère, qui est toujours dans les parages, intervient et clame haut et fort la vérité : elle s'appelle Anzu ! C'est trop pour l'adolescente, qui court vers la forêt. Alors qu'elle étudie l'affiche d'une personne disparue, un chien errant apparaît derrière elle, et lui arrache son précieux collier hérité de sa grand-mère. Anzu le poursuit, trébuche... et bascule dans le monde des enfers, connu sous le nom de Yomi. Est-elle morte ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour notre plus grand plaisir, après Pilu des bois, les éditions Kinaye publient un nouvel album de Mai K Nguyen. Cette fois, l'ambiance de ce premier tome auto-conclusif est différente. Anzu déménage, mais elle ne se sent pas à sa place. Elle a l'impression d'être invisible et n'assume pas ses origines et sa culture. Elle a été victime de trop de rejets par le passé. Dans un élan de colère, elle croise la route d'un chien qui lui arrache un précieux collier hérité de sa défunte grand-mère. Elle y tient tant qu'elle le poursuit, mais elle bascule dans un autre monde, dans lequel les humains ne peuvent d'ordinaire pas entrer ! Le chien qu'elle a poursuivi est le gardien de Yomi, et il lui indique qu'il faut qu'elle regagne son monde avant la fin d'Obon, au risque de rester prisonnière à jamais. Même si l'univers est complètement différent de son premier album, la patte graphique de l'autrice est reconnaissable au premier coup d'œil. Elle opte ici pour des teintes de violet et d'orange. L'héroïne est attachante, tant dans son traitement visuel que dans son caractère. On sent sa souffrance, et ce voyage inattendu dans un monde spirituel va l'aider à grandir, à se connaître et s'accepter. Elle va ainsi pouvoir renouer avec ses origines et les traditions de sa famille. L'histoire est dynamique, Mai K. Nguyen retranscrit cela dans les pages d'action et de combat, en exploitant pleinement le potentiel de ses planches et du découpage. Un album réjouissant, aussi beau que profond dans les thématiques abordées.