L'histoire :
Simon joue. «Bon chien, va chercher ! Allez encore une fois et quand tu ramèneras la balle, tu auras une bonne portion de croquettes...». En réalité, il est seul et tue l'ennui en reproduisant ce bon vieux temps qui semble si lointain. La nuit tombe et le jardin dans lequel il gambade est aussi dévasté que la maison qui l'abrite encore. C'est toute la ville qui est abandonnée. Et le problème numéro 1, celui qui se présente chaque jour, c'est de trouver de la nourriture. Le chien, c'est un animal social, alors quand il a rencontré un raton-laveur et un cerf, qui sont tout sauf de mauvais bougres, le contrat a été validé par tous : l'un est agile et à l'aise la nuit, l'autre rapide et doué d'une ouïe très fine, mais ils sont des proies faciles. Le chien, lui, a été dressé à la garde et il sera capable de les protéger. Ensemble, ils décident donc d'unir leurs qualités pour se mettre en quête de nourriture. Ils font les poubelles mais elles sont désespérément vides. Alors, ils ont l'espoir que la nuit des poubelles, celle où on les sort, arrive bientôt... Mais les jours passent et il n'en est rien. Il va falloir se résoudre à partir, traverser la forêt et atteindre une autre ville, qui devrait s'avérer plus accueillante...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jen Lee a étudié à la School of Visual Arts à New-York et elle y a décroché un diplôme national d'arts plastiques en illustrations. Sa carrière, elle la mène pourtant loin de la Grosse Pomme, dans une ferme de l'Idaho, où elle travaille en free lance pour plusieurs boites, comme Boom ! Studios, ou la branche cartoon deNickelodéon. Elle est aussi réalisatrice d'un webcomic animé (Thunderpaw : In the Ashes of Fire Mountain) et est chara-design de la série Bo Jack Horseman, qui cartonne sur Netflix. Alors cette série, Garbage Night, elle l'a signée chez Nobrow, éditeur anglais. Un premier constat s'impose : malgré son bagage technique, elle prend le parti d'un graphisme simple, celui dont les enfants se sentent proches. Et ça marche bien (on vous garantit qu'on a testé sur cobaye consentant de 6 ans !). Les décors dégagent une forme de poésie et de mystère, renforcés par des déclinaisons chromatiques, les scènes jouant sur des tonalités différentes : rouge, vert, marron, bleu, rose. Ces petits bouts d'arc-en-ciel sont des codes qui accompagnent les émotions des personnages. Trois animaux qui errent à la recherche de nourriture... et d'un sens à leur vie. Si bien que ce récit sous forme d'aventures offre plusieurs niveaux de lecture possibles : la camaraderie, la manipulation, la faim qui justifie les moyens, la cruauté et la solidarité. Il y a de quoi toucher les plus jeunes et aussi les faire réfléchir. Un joli album qui offre un divertissement intelligent. La fin ouverte du récit nous laisse espérer que l'auteur pourra y donner suite. Et si c'est le cas, on s'en réjouira !
