L'histoire :
Après le jour J, vint la bataille de Normandie. La ligne de débarquement des Alliés est irrégulière et ils doivent rapidement étendre leur terrain pour pouvoir espérer prendre Paris. Le plan est simple : dans l'est de la Normandie, Britanniques et Canadiens montent à l'assaut pour attirer les Allemands, ce qui permettra aux Américains, situés à l'ouest, de concentrer leurs forces afin d'effectuer une percée. Pendant deux longs mois, les Britanniques affrontent l'ennemi dans les bois et les bocages. Des centaines de Panzer les attendent, avec une supériorité incontestable. L'artillerie allemande et ses canons d'assaut, les fusils Spandau à la cadence de plus de 1000 coups/minute, les mines et encore d'autres dispositifs anti-chars sont aussi le cauchemar des chars d'assaut britanniques et de leurs équipages. Ce jour-là, une colonne de blindés doit faire la jonction avec un autre régiment. Le temps est dégagé et les chars mettent la gomme pour rejoindre l'infanterie. Le chef de bord prend les infos par radio, perché sur sa tourelle quand une pluie de projectiles s'abat sur la formation. A l'intérieur, l'équipage des quatre soldats a compris que ça allait chauffer dur. Ils somment leur chef de rabattre la tourelle et se mettre à l'abri mais il ne répond pas. Ils tirent alors sur les jambes et s'aperçoivent avec horreur que c'est tout ce qu'il reste du pauvre homme...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Garth Ennis est un incontournable des comics. C'est même un un auteur culte. De Preacher à The Boys, de Crossed à Dicks, de Bloody Mary à Goddess en passant par The Authority, du Punisher à La Pro, de Caliban aux super-héros, comme Batman, Superman et même Spder-Man (même si c'est anecdotique) il est par excellence aussi éclectique que son énorme biographie le démontre. Et ce que le grand lectorat gagnerait à réellement connaître, c'est son expertise pour l'histoire des conflits armés et l'excellence des productions qui en découlent. Ceux qui ont lu War is Hell, 403, War Stories ou Out of the Blue savent de quoi il en retourne. Alors, saluons l'heureuse initiative de K.I. de réunir en deux volumes Battlefields, jusque-là inédit en France. Si la série d'origine, publiée chez Dynamite Entertainment, a été déclinée en trois albums aux US, l'éditeur français a fait le choix intelligent de consacrer deux gros pavés selon une thématique sexuée, les hommes et les femmes en guerre. Alors on n'ira pas par quatre chemins : ce volume «masculin» est juste énorme. Avec son complice Carlos Ezquerra, Ennis nous embarque dans un premier temps dans notre campagne normande, à bord de Tanks anglais, régulièrement pulvérisés par les Panzer Nazis. Puis c'est l'histoire tragique d'un pilote de bombardier qui vous pètera à la tronche comme les tirs de Flaks qu'essuie son Wicker Wellington. Carlos Ezquerra se charge des rampants, quand PJ Holden croque les habitudes des volants. La rudesse du trait du premier colle parfaitement au bourbier et le trait un peu caricatural du second convient aussi parfaitement aux excentricités des pilotes. Mais dans tous les cas, ce sont des histoires dramatiques, des histoires de guerre tellement réalistes qu'on se dit que les protagonistes ont vraiment pu exister. Bien plus qu'un divertissement, Battlefields s'inscrit dans un genre qui rend hommage aux soldats de la WWII. Ça s'appelle du comics, mais dans le fond, ça répond au devoir de mémoire. Culte, on vous dit...