L'histoire :
Cannon est un agent secret américain, expert "es toutes techniques de combat". Capturé lors d'une mission suicide en Chine communiste par les sbires de madame Toy, il va subir un lavage de cerveau, prompt à lui faire exécuter des missions scélérates dès son retour aux USA. Attrapé cependant in extremis avant de commettre le pire, il va être reconditionné et devient ainsi un être dénué de sentiments. Il va alors retrouver madame Toy et l'affronter de singulière manière, puisque leurs relations seront plus qu'amicales, puis opérer un changement physique radical, tandis que son comportement va évoluer vers davantage d'humanité. Il sera mis au placard par un nouveau chef véreux, mais cela ne l'empêchera pas de lutter contre les communistes, les hippies sectaires et les dictateurs de tout poil. Jusqu'à sa démission…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Paru en 1979 aux éditions du Fromage dans un unique album tronqué, Cannon était jusqu'à présent une sorte d'objet du désir de tout amateur de Wallace Wood et des comics des années 70. Mickaël Géreaume a publié cette intégrale sur le modèle de celle éditée par Fantagraphics en 2014, en y ajoutant des textes d'analyse inédits de Marc Duveau, Jean-Marc Lainé et Phil Cordier. Cannon, créé en 1970 par Wallace Wood, alors au faîte de sa carrière, pour le journal militaire Overseas Weekly, est une tentative pour l'auteur de proposer une série afin de donner un second souffle à sa carrière. Fort de son expérience de dessinateur, d'encreur respecté et de créateur dans les domaines aussi variés que l'horreur, la romance, le récit de guerre, la science-fiction, l'érotisme ou la fantasy, il souhaite en effet développer une histoire aux thématiques aguichantes. Action et érotisme : Cannon est une sorte de James Bond dont le charme ne laisse pas indifférent la gente féminine, lui offrant ses atouts dénudés à tout va, (n'oublions pas à qui était destinée sa lecture) ; mais aussi politique-fiction et guerre, puisque notre anti héros est engagé, autant auprès d'espions de tous bord que de dictateurs zélés. Un ton et des rebondissements parfois très kitsch, surtout dans le premier épisode, puisque le personnage va ensuite gagner en profondeur, changeant aussi son apparence d'homme lisse, pour un aspect moins benêt (crâne nu et barbe), et un regard plus critique. Bien des aspects permettent de discerner dans le superbe L’Exécuteur de John Wagner et Arthur Ranson, créé en 1992 chez 2000AD (éditions Delirium 2016-2018) un descendant de Cannon. C’est la preuve de son acuité. On prend en tout cas un plaisir non feint à cette lecture surprenante, mais addictive, et superbement présentée.