L'histoire :
Atmospherics : 16 juillet 1996 à 14h23. Début de l'interrogatoire que la Police conduit auprès de Bridget Rhineheart. Cette femme a été interpellée aux alentours d'un tout petit bled nommé Helen. Le problème, c'est que la bourgade n'est plus, puisque ses quelques habitants ont tous été sauvagement assassinés. L'autre problème, c'est que la suspecte n'a pas d'alibi et prétend être est la seule survivante à une attaque d'aliens...
-Dark Blue : Franck et Deb' sont inspecteurs à la crim' et ces derniers temps, le premier est sur les nerfs. Une méchante came secoue la ville, le LD50, comme Lethal Dose 50%. Pas besoin d'être expert en toxicologie : un usager de cette drogue sur deux y laisse la vie après absorption. Franck a serré un type. Il est persuadé qu'il sait où se cache le dealer. Mais le mec ne parle pas alors le flic pète les plombs et lui défonce la tronche à coup de crosse. C'en est trop et sa partenaire intervient, devant elle aussi user de violence pour éviter que son binôme finisse par tuer le zigue entravé sur sa chaise. Côté disciplinaire, Franck n'a rien à craindre, le commissaire se cire de tout, du moment qu'il peut se shooter dans son bureau...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les fans de Warren Ellis se frottent les mains depuis que Komics Initiative enquille les parutions d'inédits en France. Six récits du maître britannique en 12 mois, qui dit mieux ? Cette fois-ci, la campagne Ulule a accouché de ce volume et de Scars. Si le point commun des deux albums se situe dans le registre du polar, Dark Blue + Atmospherics contient un fil conducteur très clair qui en assure la cohérence éditoriale : celui de la folie. En l’occurrence une folie meurtrière. Grâce au contenu rédactionnel, on apprend qu'Atmospherics, le récit qui ouvre l'opus, a été un travail évolutif, dans ce sens où il a d'abord été publié en noir et blanc, sous la forme d'épisodes au sein de la revue Calibrations des éditions Caliber Comics, en 1996. Puis en 2002, Avatar Press propose une version remasterisée et cette fois mise en couleurs par Ken Meyer lui-même. Ça tombe bien, il est peintre et cette «version finale», ici présentée, en est une démonstration éclatante, car si le mystère tient à la narration, l'aspect très inquiétant de ce qui tient d'une nouvelle graphique provient directement des portraits répétitifs de cette femme qui nie ce dont on l'accuse. On finit le récit destabilisé, tant il est original. Une fois l'interview de l'artiste dévorée, on ne sait pas encore à quel point on va se faire secouer par l'histoire suivante, Dark Blue, qui marque la première collaboration entre le scénariste et Jacen Burrows. Changement radical de style graphique, avec un noir et blanc ciselé et propos différent au sujet de la violence et de la pathologie mentale. Mais quelle claque !!! On ne vous dira pas grand chose sur le duo de flics qui anime cette histoire violente, mais qui délivre une morale terrible, égratignant au passage la médecine. Car la violence sert ici un questionnement particulièrement grave : jusqu'où les autorités iront-elles pour potentialiser les capacités des agents opérationnels ? Alors il restera, ça tombe bien pour se refaire un peu la cerise, the cherry on the cake : la postface de Warren Ellis qui nous explique comment l'idée de ce récit a tout de même cheminé 10 ans pour qu'il en trouve sa forme aboutie. Un bouquin totalement tripant !