L'histoire :
Une femme, maintenant adulte, revient sur les lieux de la maison dans laquelle elle a grandi. Elle s'attarde particulièrement dans le jardin, complètement en friche. De sa main, elle frôle les feuilles, les troncs d'arbre, les fleurs. Elle observe de loin une construction humaine, et lui tourne le dos. Elle s'allonge dans l'herbe, et se rappelle. Elle n'a pas beaucoup de souvenirs de son enfance, mais certains refont tout de même surface. Elle ressent l'herbe sous son corps et le vent dans ses cheveux. Elle se remémore les journées passées en solitaire dans ce jardin et cette forêt. C'est dans cet espace naturel qu'elle se construisait son monde, celui dans lequel elle se sentait en sécurité. Avec les plantes, le monde lui paraissait simple et magique. Mais lorsqu'elle franchissait le seuil de la porte familiale, tout basculait. Elle partageait cette maison avec son frère et leur mère, atteinte d'une maladie mentale. Elle disparaissait de longs moments, réapparaissait sans prévenir, avant de disparaître à nouveau. Et lorsque l'enfant partait à sa recherche et la trouvait, sa mère était agressive, lui demandait de la laisser seule. Maintenant adulte, elle se rappelle les douloureux rapports entretenus avec sa mère, la distance entre elles, l'absence. Mais elle sait aussi que sa mère lui a apporté beaucoup.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Briana Loewinsohn propose un roman graphique autobiographique, dans lequel elle explore les liens douloureux qu'elle a entretenus avec sa maman, qui souffrait de maladie mentale. Elle met en place un personnage qui revient sur les lieux de son enfance, désertés par la vie. Le jardin, en particulier, va lui permettre de faire revivre des souvenirs enfouis, certains très durs à supporter, d'autres plus tendres. L'autrice fait une économie de mots. Il y en a très peu dans la bande dessinée, et ils résonnent tel un poème. Ils sont choisis. Elle s'attarde davantage aux sentiments véhiculés au lecteur, notamment à travers les illustrations, qui valent mille mots. La colorisation oscille entre une dominante d'orange pour le temps présent, et une dominante de vert pour les souvenirs. Le découpage est simple et limpide, et le lecteur peut se concentrer sur les émotions ressenties. Nous comprenons vite le tiraillement du personnage, les sentiments ambivalents qui l'envahissent, mais aussi la grande tristesse qui peut la submerger. Le dessin a un côté naïf, à l'image du personnage qui replonge en enfance. L'autrice profite du cadre naturel du jardin pour raviver des souvenirs, et faire un parallèle entre le cycle de la nature et le cycle de la vie, et raconter sa reconstruction.