L'histoire :
Kenny est tombé sur une annonce un peu suspecte… mais il a vraiment besoin de bosser. « Recherche jeune homme bricoleur et motivé pour entretenir ma propriété – Entretien sur place » Maintenant qu’il se trouve devant ladite demeure, il est quelque plus dubitatif. La brume, le jardin à l’abandon, le style colonial, le coin de bayou marécageux et désertique… A tous les coups, c’est hanté et ça appartient à un vieux taré. Comble de l’angoisse, sa voiture refuse de démarrer lorsqu’il décide de faire demi-tour. Alors Kenny prend cela comme un signe du destin et il attrape son courage à deux mains en allant toquer à la porte. A sa grande surprise, une très belle femme lui ouvre et lui propose d’entrer. L’intérieur est lugubre à souhait. Il s’installe dans le fauteuil d’un salon luxueux et obscur. Elle s’appelle Françoise et l’informe que sa santé décline. Elle lui réitère l’offre d’embauche afin d’entretenir la maison, faire les courses, jardiner, bricoler les petites réparations… Elle lui propose une visite du rez-de-chaussée, mais Kenny a déjà pris les devants en ouvrant la porte de la cuisine. Il y a du sang plein de sol, des viscères dans les lavabos, de la viande à débiter en pagaille… Hep hep hep, Françoise le détourne rapidement de ce lieu pour l’emmener ailleurs. Au tarif de 500 dollars la semaine, Kenny accepte le poste…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On tente une traduction-francisation de It eats what feeds it : « Ça bouffe la main nourricière ». Kenny, le jeune héros de cette compilation-intégrale de 3 fascicules comics, n’a jamais vu un film d’horreur, sinon il se serait sauvé à toutes jambes dès la page 1. Cet ingénu-inconscient accepte donc sans trop ciller une embauche qui ressemble à l’évidence à un pacte faustien, à un piège infernal à cons. Une propriété lugubre perdue au fin fond du bayou marécageux, une cuisine pleine de sang et de viscères, une femme trop sexy et allumeuse pour être honnête… Mais non, tout baigne, Kenny accepte le poste. Evidemment, il va regretter, morfler sévère, et on ne vous dira pas pourquoi… sinon que tous les clichés du genre horrifique sont ici réunis, dans un scénario très moyennement original. Assurément fantastique et gore, il a été mis au point en duo par Max Hoven et Aaron Crow. La principale originalité vient dès lors du traitement graphique et du dessin de Gabriel Iumazark, qui maximise le travail sur les ambiances et la lumière. L’obscurité, le fog moite permanent, la monochromie des infographies permettent d’ailleurs de s’affranchir des détails du décor la plupart du temps, perdus dans les contre-jours très prononcés, les volutes de brume ou les cadrages alambiqués. En prime, l’artiste s’amuse comme au cinéma avec la focale et les profondeurs, générant des flous aux premiers ou en arrière-plans. On ne comprend pas toujours ce qu’il se passe – surtout vers la fin – mais ça fait brrrrrr, aaauuurghh, craaaack. A lire dans la brume, un jour de barbecue, pour mieux frissonner avec le diable !