L'histoire :
Pendant l’été, Katya vit avec sa mamie dans une belle maison moderne, mais isolée dans un coin de forêt. La gamine s’ennuie et passe ses journées enfermée, à lire des comics. Et quand bien même elle ne serait pas seule, elle rechigne à essayer de se faire des amis car elle est complexée par ses grandes oreilles. Elle finit néanmoins par accepter d’aller faire un brin de course à la superette. Mais cet environnement légèrement commercial n’est vraiment pas son monde. Elle achète une boisson au snack, puis s’installe dans un coin oublié pour lire le comics qu’elle a emporté dans sa poche. Une grosse averse débute soudain. Katya s’empresse de rentrer chez sa mamie, en courant à travers bois. Mais lors du passage de la rivière sur un gros tronc, elle trébuche et tombe en contrebas. Elle reste inconsciente quelques minutes. Quand elle se redresse, elle se trouve nez à nez avec un ours, un gros, un gigantesque ! Pour autant, cet ours n’est pas menaçant. Il l’observe surtout dans sa panique, à quelques centimètres… Katya essaie de s’enfuir de ce trou où elle est tombée mais elle comprend que l’ours se trouve dans une situation pire qu’elle : sa patte arrière est coincée sous un gros tronc. En prime, il a terriblement peur des grondements du tonnerre. Katya décide de lui faire un gros câlin pour le rassurer. Elle lui donne son croissant, le couvre de son manteau et file chercher de l’aide auprès de sa mamie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La belle histoire d’amitié entre ce gros ours aussi imposant que gentil et une fillette un peu seule, ressemble aux grandes aventures de l’âge d’or Disney. Cette histoire réalisée par Jared Cullum et importée des États Unis par Komics Initiative – qui prend décidément de bien chouettes initiatives – s’adresse évidemment au jeune public. Or contrairement à la production jeunesse de ce côté-ci de l’Atlantique, la pagination est très imposante : 171 planches ! Rassurez-vous, ça se dévore, comme un long métrage merveilleux. Cullum jalonne son récit de l’environnement psychologique idéal : une fillette qui n’a pas d’amie, qui s’ennuie, qui vit en forêt, qui lit des comics, qui est complexée par ses oreilles ; et un nounours vraiment trop-trognon, comme tous les enfants veulent gagner à la fête foraine. Sa taille donnerait même des envies aux adultes de se lover au creux de son épaule (en suçant leur pouce). Leur amitié sera contrariée par une séparation, et ils passeront l’album à essayer de se retrouver, ce qui donnera lieu à bien des aventures… en ville, cette fois. La grosse bébête incongrue en milieu urbain est un autre archétype, ici encore idéalement décliné. Au-delà du scénario, on retient surtout le dessin à l’aquarelle de Cullum, qui parvient à jouer avec une large gamme d’expressivité (notamment ursidée) chez les personnages, sans se départir d’un certain réalisme dans les décors et d’un formidable dynamisme. C’est beau, c’est poétique, c’est emballant… Vraiment, une œuvre jeunesse pas comme les autres, qui a bien fait de traverser l’Atlantique.