L'histoire :
Les Contes du Givre sont un recueil de petits contes, narrés par la taupe coryphée Baba Mola. Au fond des grottes sombres abritant le petit peuple du monde d'Hinim, elle s'adresse aux enfants, leur dévoilant diverses morales, avec sept histoires, dont :
- Le Golem qui n'appartenait à personne-
Un homoncule sans nom, car son maitre est mort avant de lui apposer son sceau, a son cœur qui gangrène, le rendant de plus en plus monstrueux. Un soir, une main le lui arrache et va changer son destin…
- Le bucheron et la femme en rouge -
Un fort bucheron, de la race Ber, vivant reculé dans une maison au milieu des bois depuis de nombreuses années, reçoit un soir d’hiver la visite d’une belle dame toute habillée de rouge. Ils tombent irrésistiblement amoureux et vivent heureux durant de nombreuses semaines, jusqu’au dernier soir de l’hiver suivant, où, revenant du marché où il vendrait ses petites statuettes en bois, le bûcheron est étrangement accueilli plus chaleureusement que d'habitude par sa dame...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Illustrateur repéré par Mickaël Géreaume après son passage sur Gregory Sand, chez Wanga comics, Josselin Billard, passionné de légendes et de mythes, avait pris pour habitude de poster, à la période de Noël, quelques contes illustrés sur les réseaux sociaux. Il rêvait aussi de pouvoir mener à bien un projet de fantasy ambitieux intitulé Le Chant de l'Harfang, mais ne se sentait pas capable de le dessiner intégralement. C'est alors que l'idée d'un recueil de contes, reliés intelligemment par le biais d'un personnage central, dont l'origine nous est d'ailleurs dévoilée en dernier chapitre, a fait consensus, et qu'a pu s'élaborer, par le truchement d'une plateforme collaborative, l'édition de ce bel objet littéraire. Il est peu courant, en France, de trouver ce genre de livre mêlant textes illustrés et bandes dessinées axées sur la thématique du conte, hors d'un contexte de l'édition jeunesse. Josselin Billard, qui a souhaité, à un moment, rendre hommage à certaines de ses figures tutélaires telles Mike Mignola ou Frank Miller, produit un style graphique différent pour chacun des contes, ce qui amène un dynamisme et une fraîcheur étonnants. Mixant différentes techniques, allant de l'aquarelle unicolore, la bichromie rouge et noire, jusqu'au dessin au trait simple, en passant par celui encré et hachuré, il gère aussi différents systèmes de colorisation, parfois sépia, parfois plus complexes, comme lors de l'introduction, des inter-chapitres et de la fin. Dans ces moments là, l'auteur réserve son style «plus personnel». Et c'est justement là que se situe le charisme et le tour de force de son album : rendre un tout finalement homogène et fluide dans la forme. Au niveau du fond, il s'avère que ce très joli écrin renferme une rare œuvre de bande dessinée, apportant comme un renouveau improbable à la célèbre série des Contes de la crypte, lui insufflant la thématique jeunesse, animalière (et humaniste ?), qui ne la concernait pas. Tout amateur de belle chose ne pourra l'éviter. Quant aux bibliothèques publiques, on ne saura que trop conseiller à leurs secteurs jeunesse d'acquérir cette œuvre unique remplie d'une magie bienfaitrice, qui ravira les enfants et leurs parents !
