L'histoire :
Après les précédents épisodes dont certains étaient basés sur les exploits mécaniques de Maggie et Rand Race dans un pays étranger, ce tome revient dans le quartier chicano de Hoppers, où les amours se disputent aux embrouilles locales entre Gangs, le tout saupoudré de sorties dans les clubs punk de cette Californie du Sud. La tante de Maggie : Rena, catcheuse professionnelle, veut reconquérir son titre et la ceinture, embarquant Maggie dans une légère galère. Cette dernière doit cependant faire face à l'absence de Hoppey, partie inopinément en tournée avec son groupe, ce qui lui laisse l'opportunité de se rapprocher de Ray Dominguez, tandis que ce dernier batifole avec une jeune maman lorsqu’elle a le dos tourné. Pendant ce temps, Speedy Ortiz revient en ville et va subir les foudres d'un gang voisin. Quant à Penny, elle continue ses délires de star dans le manoir de son riche mari Costigan, invitant ses copines pour se réfugier le temps de leurs galères. Elle et Hoppey vont vivre chacune une expérience particulièrement importante.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est toujours avec autant de plaisir et de profond respect pour l'artiste que l'on s'attarde sur les pages de Love and Rockets, et plus encore sur ce volume particulièrement riche. Celui-ci nous offre en effet le début des relations entre Maggie et Hoppey, lors d'un flashback nous confirmant la bisexualité de Maggie, tout comme l'origine du pseudonyme Penny Century, ou celles de Terry. Ce volume contient beaucoup de ces retours en arrière et délivre, de même, les passages les plus rock de la série, crème du comics alternatif. Jaime Hernandez exprime avec un réalisme incroyable la vie de ces jeunes adultes, grâce à une écriture personnelle incomparable, et ses planches au graphisme noir et blanc si classieux décuplent son charisme. On est abasourdi par la richesse scénaristique et les fulgurances poétiques de certains passages (tel dans : « Qui a dit qu'il neigeait !? ») qu'il est difficile de reconnaître d'autres auteurs capables d'autant de finesse dans ce que l'on doit appréhender tout de même comme une série de type « autobiographique ». Toutes ces relations familiales ou amoureuses, d'amitiés, de virées, ne s'inventant pas tout à fait. Certains chapitres dramatiques sont d'autant plus touchants lorsqu'on les restitue dans des événements ayant pu se produire, tels ceux qu'explique d'ailleurs Jaime (comment certaines petites punkettes californiennes des concerts de l'époque l’ont inspiré), dans la longue interview accordée au Comics journal numéro 126 de 1989, traduite et reproduite en fin d'album. Le théâtre en clair obscur et en 13 planches de l’échappée d’Isabel Ortiz au Mexique conclut ce tome sur une note dramatique incroyable dans pourtant ce qui est une ode à la vie. Un chapitre si fort qu'il résume à lui seul la haute tenue de ce comics pas comme les autres et de ce deuxième volume intégrale, proposé dans une nouvelle traduction de Philippe Touboul, accompagné de courriers mémorables de célébrités et de 13 pages d’interview très intéressante des auteurs.
