L'histoire :
Précédemment, Hopey et Maggie ont du quitter avec perte et fracas la grande maison du milliardaire Costigan. Dans Wigwam Bam, tout commence dans une soirée avec une boite de lait que Maggie sort du frigo, aux côtés de Hopey. Imprimé sur l’emballage : un avis de recherche de cette dernière. Qui a pu lancer cet avis, ressemblant bien à une mauvaise blague ? En sortant de l’appartement, les deux copines tombent sur une manifestation à la sortie d’un concert, sauf que l’on est dans le passé. Le deux amies en faisaient partie. On le devine : Maggie replonge dans ses souvenirs. Ces flashbacks parsèmeront ce tome, tandis qu’on va la suivre, elle, dans d’autres états plus à l’est, entre autre au Texas. Elle va séduire par mégarde son amie catcheuse Gina, tenter d'échapper à la costaude prostituée de Chester Square, louper son coup avec les ouvriers homos, en esquiver d'autres sur le ring face aux furies de sa tante reine du catch, être témoin de la vie chaotique de son amie Danita, maman strip-teaseuse au club Bumper’s, tenter un mariage improbable avec un ancien roi du catch, écouter les confidences de Beatriz, Aka miss "Penny Century" Costigan, ou bien encore échanger tendrement avec sa sœur Esther.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On rentre, il faut l'avouer, avec une certaine difficulté dans ce nouveau chapitre Wigwam Bam (titre issu d'un single de 1974 du groupe Sweet). Il y a comme un petit quelque chose qui ne tourne pas rond entre Hopey et Maggie, (ou Margarita ou Perla) et si l'on ne s'accroche pas case par case au récit, on risque de manquer un ou plusieurs tournants importants. La faune du Texas où se déroule la majeure partie du récit, se pose en plus comme l'arbre cachant la forêt, le nombre important de protagonistes, femmes, hommes, enfants, anciens, et les histoires improbables de cœur, de catch, agissant tel un filtre sur l'élément essentiel : la recherche de deux cœurs brisés. Lorsque le récit est lancé, mettant Perla (le petit nom que sa sœur donne à Margarita) la « folle » en exergue, la montrant aux prises avec ses tourments, ne sachant qui et quoi choisir, on suit alors ces événements avec plaisir et envie. Tout cela nous embarque dans un maelstrom de situations si rocambolesques et pourtant si réalistes en même temps - comme ce moment où sa voiture est emportée par une coulée de boue - que l'on se demande quelle réalité peut bien être aussi vraie. Et Hopey, pendant ce temps, n'apparaissant qu'à petites doses, telle une lumière clignotante, ou une étoile filante, que Maggie loupe à chaque fois. La fin nous donnera la clé de ce principal mystère, et l'on comprendra alors le génie ultime de Jaime Hernandez. Car cette folie douce nous subjugue, et... si nous étions déjà fans de la série, ce maelstrom ne nous laisse aucune chance de changer d'avis. Comment lutter devant un auteur à la qualité hypnotique aussi puissante ? Un tournant et l’une des histoires les plus élaborées et longues de la série ; chef d’oeuvre littéraire et graphique.
