L'histoire :
C'est une bien triste scène qui se joue dans la chambre du haut-conseiller du shogun. Le Seigneur Sadaho est en train d'abuser de la dernière pauvre fille qu'il a piégée. Il n'a que faire de supplications, il n'a pas plus de pitié pour son âme que de respect pour son corps... Les deux gardes qui sécurisent la porte d'entrée de la chambre et le couloir qui y mène sont mal à l'aise. C'est toujours la même chose, le haut-conseiller embarque une jeune fille et lui inflige les pires souffrances. Ils entendent tout... et doivent par la suite faire disparaître les corps. Ils ne le savent pas mais ce soir ils n'auront pas à accomplir leur basse besogne. D'autres le feront pour eux. Une ombre qui se glisse derrière le premier, un sabre lui transperce la nuque. L'autre n'a le temps de se retourner que pour voir une silhouette puis ce sont les ténèbres de la mort... Alors le Seigneur Sadaho ne comprend pas l'irruption faite dans sa chambre : il lâche sa victime et scrute, stupéfait, la jeune femme qui lui fait face, un sabre ensanglanté dans chaque main. Elle lui annonce mettre un fin à son arrogance et qu'elle va ôter sa tête de ses épaules !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On le sait, Komics Initiative aime autant « importer » des inédits que d'éditer des « french comics ». Setsujoku, c'est un peu un hybride de ce qui aurait tiré tout le jus des comics et des mangas. Côté scénario et écriture, la recette de Black fonctionne bien : du mystère, beaucoup d'action et des dialogues épiques, qui remettent sans cesse la dramaturgie au centre des échanges qu'ont les personnages. Côté visuel, Vik soigne les décors de villes qui évoquent un Japon médiéval et le parti pris, utiliser uniquement le noir et rouge, est réussi. Il faut dire que les scènes de combat envoient du sabre lourd et comme un avant goût saignant, on peut se fier à la couverture superbe de cet album. Comme chacun sait, il n'y a pas de bon récit sans personnage fort et les femmes jouent les premiers rôles dans Setsujoku. On ne vous en dira pas plus sur cette histoire, sauf à vous dire qu'on y retrouve le thème de la lutte éternelle du bien contre le mal, qu'on peut aussi voir dans le parcours d'Itsuko une quête initiatique. Le seul bémol qu'on soulèvera, c'est la multiplication des fautes, qui entravent un peu le plaisir de lecture. Mis à part ce point, il s'agit d'un album réussi et dont la somme de travail paraît évidente, surtout si l'on prête attention aux textes qui succèdent à la BD ainsi qu'au cahier de fin d'album.