L'histoire :
« L’artisan » (un robot ingénieur très intelligent, à la mentalité retorse, maigre et doté d’un œil central unique) traverse à pieds des congères de neige, dans une zone de haute montagne fouettée par le blizzard. Il arrive dans un bar d’une ville construite dans les décombres du crash d’un vaisseau géant. Il enquiquine un robot ouvrier afin de le désactiver et pouvoir lui piquer son verre. Il est rejoint par « l’ouvrier » (un robot cinq fois plus gros, très costaud et franc). Tous deux retrouvent ensuite « le gamin » (un petit robot, jeune et naïf, car inachevé et abandonné en plein pendant sa construction) et le spectre (un énorme robot guerrier, extrêmement massif et puissant) dans la grotte où ils se sont réfugiés après le crash. L’artisan, l’ouvrier et le spectre décident d’expliquer au gamin la raison de la marque qu’ils portent tous sur la poitrine. C’est le « kill lock », qui signifie qu’ils ont été bannis et condamnés à une sanction terrible : leurs systèmes ont été reliés les uns aux autres, pour les crimes qu’ils ont commis. Si l’un d’eux meurt, tous meurent. Or ils ne comptent pas se satisfaire de cette condition définitive…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si gamin, vous adoriez jouer avec vos robots Transformers® ou si les films avec des bastons de robots géants vous excitent, Kill Lock va clairement vous parler. Ici, zéro héros humain. Tous les personnages sont des robots, qui ont des compétences, des personnalités et des looks différents – mais une tête, un torse, des bras et des jambes. Car oui, dans cet avenir lointain, les robots sont dotés d’intelligences artificielles comparables à ce que nous autres humanoïdes appelons une « âme ». Et ils se répartissent et se désignent selon leurs « métiers », en lien avec la fonction qui leur est assignée : il y a les forgeurs, les artisans, les ouvriers, les spectres… Cela dit, être un robot permet de supporter la vie à la surface de planètes arides et sans atmosphère, avec des vues sur de jolis ciels cosmiques, à juste attendre que le temps passe. Le dessin infographique de Livio Ramondelli use et abuse de fonds et de textures photoshopées, de halos de lumières, de flous, de contrejours, le tout dans un environnement techno-cosmique qui fait la part-belle à l’univers infini. Les robots bénéficient chacun d’un design propre qui les distingue clairement… mais les macro-plans, les profondeurs folles et les angles torturés ne permettent pas toujours de comprendre la représentation des cases – avec un découpage pas toujours très fluide. On ne sait pas trop d’où ces robots tirent leur énergie pour fonctionner, mais ça n’est pas la problématique. La problématique vient de la peine que cinq d’entre eux doivent supporter, après bon vieil archaïque jugement judiciaire : ils sont marqués et condamnés par un « Kill lock ». Si l’un d’eux meurt, ou que son autodestruction est activée, tous meurent. Et étant donné qu’ils ne se résolvent pas à cette fatalité, ils vont passer les 6 chapitres, comme autant de fascicules périodiques, à essayer d’annuler leur fatale condamnation. Et ils causent beaucoup, beaucoup… Le traducteur Alain Delaplace n’a sans doute pas eu la tâche aisée et s’en sort admirablement.