L'histoire :
Une femme chute jusqu'à percuter la surface de la mer. Elle ignore son point de départ comme celui qui marque son arrivée. Son corps coule mais pourtant elle ne se noie pas et son âme voyage dans les mêmes profondeurs que celles de l'océan qui abrite son corps. Elle divague mais a conscience qu'elle n'est pas en train de mourir. Elle chemine en pensées et s'abandonne aux courants... jusqu'à retrouver la surface. Elle accoste sur une terre farouche où un volcan gronde et se met en éruption au moment où elle foule le sol. Les projections de matière en fusion la menacent, alors elle escalade un massif rocheux. A quelques mètres, en contrebas, la lave se répand déjà. Épuisée par ses efforts répétés, elle parvient à se hisser sur un monticule et s'évanouit... Rêve-t-elle ? Est-elle morte alors que son père apparaît et qu'elle est envahie de souvenirs où, enfant, elle confiait à sa mère ses peurs ? Pourtant elle se sent vivante...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rares sont les BD qui couplent aussi bien fantasy et onirisme. Zojaquan en fait partie et il se dégage immédiatement de ses premières pages un mystère, qui a l'avantage d'immerger d'emblée le lecteur dans un monde aussi beau qu'inquiétant. L’effet de surprise joue à plein, car on est entraîné en même temps que l’héroïne, Shan' dans une contrée sauvage peuplée de dangers, où l'exotisme exige l'art de survivre. Qui est cette fille a priori ordinaire alors que son destin ne l'est pas ? Où se situe-t-elle désormais, et dans l'espace et dans le temps ? S'agit-il d'une réalité parallèle à notre univers ou d'un rêve, à moins que cela ne soit l'interprétation des images produites par un cerveau au moment où l'on perd la vie ? Toutes ces questions vous traversent en même temps que les chapitres défilent. Il faut dire aussi que les magnifiques dessins de Nathan Gooden subliment le scénario intrigant écrit à quatre mains par Jackson Lanzing et Collin Kelly. L'autre point fort de cet album, c'est qu'il renferme, n'ayons pas peur des mots, une pointe de philosophie. A travers la guerre que l’héroïne livre à des monstres, se posent les questions de la vengeance et de la violence et des moyens qu'on choisit pour devenir meilleur, pour pouvoir surpasser un deuil. Les cycle et de la vie s'imbriquent, mais quel sens ont-ils tous deux ? Les textes narratifs, qui accompagnent bien souvent des scènes muettes, sont imprimés en caractères au style médiéval, ce qui confère aussi à l'histoire un air de légende épique. Si qu'on est en présence d'une sorte de mythe moderne, dont la conclusion rejoint les qualités du récit : féérie et horreur s'entremêlent pour une chute épique. Un comics qui sort largement des sentiers battus.