L'histoire :
« Flush ! Flush ! Huuaaaagh ! » Enfermée dans la salle de bain, à genou la tête la première dans la cuvette des toilettes, Francine fait le point sur sa vie. En quelques minutes, CES quelques minutes, maintenant, de suite, il lui faut décider de son avenir. Le dilemme est simple : Katchoo est à Hawaï, Brad l’attend dans la cuisine. L’une est l’amour de sa vie, l’autre lui assure un bonheur consensuel avec enfants et sécurité sociale à la clé. Des mois que Francine n’a pas parlé à son amie, ainsi elle s’imagine quarante ans plus tard apprenant sa mort au téléphone, regrettant de n’avoir jamais dit au revoir à celle qu’elle aime, jurant de ne jamais lui dire adieu. Francine est alors grand-mère, Brad a fait son bonheur. Voilà le topo. L’autre option, envoyé tout bouler : maman, mariage, médecin… A des années lumières de là, seule sur la plage désertée, Katchoo contemple la lune. Quand David la rejoint, elle ne le supporte pas. Francine lui manque et pour elle c’est claire : seule la brune compte et aucun homme ne pourra jamais changer cette vérité. Francine, Katchoo, David, tous trois sont à un tournant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Construit à la manière d’une gigantesque pièce de théâtre (dont le 90e et dernier numéro est paru outre-atlantique), SiP proposent des répliques qui n’appartiennent qu’à SiP. Expliquons-nous, rares sont les à-propos si bien tournés en bande dessinée. En cela, le comics est dépaysant, rafraîchissant. Ce onzième acte de SiP (soit Strangers in Paradise) marque un tournant puisqu’il clôt un cycle et redéfinit les rôles et relations des personnages pour les scènes à venir. En vedette, Francine se voit confronter à un choix cornélien se résumant, trivialement, à : Katchoo à Hawaï ou Brad qui l’attend dans la cuisine. Côté jardin, y’a pas photo (!) mais question avenir… Un film tourne actuellement : 30 ans, l’âge d’Homme (avec R. Duris), l’heure n’est plus à la fuite mais à l’engagement. Et finalement, on en revient à la réplique qui donna son sens à l’œuvre et qui, fort à-propos donc, reparaît ici : Où en est-on ? « On est là, assis (…), sans amour, nous ne sommes que des étrangers au Paradis ». Avoir de la répartie est un talent rare. Savoir toujours apporter quelque chose, un don précieux. Alors que ses personnages côtoient la mort, la vie continue pour Terry Moore. Le rideau est tombé sur cette formidable représentation illustrée aux States, but « the show must go on in France, only for the best ! »…