L'histoire :
Jadis, des bergers précipitent du haut d’une falaise, dans le vide, des dizaines de cochons, pour qu’ils se tuent. Une poignée d’entre eux survivent néanmoins et ressortent de la rivière avec un regard noir. De nos jours, Zoé Tolliver témoigne au tribunal afin que le meurtrier de sa sœur, un certain Ellis Rafferty, reste en prison pour le meurtre de sa sœur Becky. Il n’a purgé que 8 années des 25 ans qui lui ont été imposés, sa bonne conduite et sa conversion religieuse ne sauraient l’affranchir du reste de sa peine. Pourtant, l’homme est libéré. En colère, Zoé Tolliver est bien décidée à le buter, sitôt sa sortie de taule. Elle achète une arme et, une nuit, elle le traque. Rafferty pénètre dans une église désaffectée, où il récupère un mystérieux poignard. Puis il escalade la haute grille d’une fête foraine et se rend à l’enclos où il a repéré des cochons, la veille. Au moment où il dit aux cochons qu’il va tous les égorger, Zoé Tolliver lui loge une balle dans l’épaule. L’homme n’est que blessé et avant de se prendre la balle définitive, il engage la conversation. Il affirme qu’il n’a pas tué Becky, mais que ce sont les porcs, les meurtriers. Zoé Tolliver le prend pour un cinglé. Pourtant, après avoir bien observé les porcs à côté d’eux, contre toute attente, ces derniers passent à l’attaque ! Rafferty intervient même pour la sauver en assénant un coup de poignard à l’un des cochons. Des éclairs de feux et des volutes de fumée jaillissent alors par la plaie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En préambule, Bruno Lecigne (directeur éditorial des Humanoïdes associés) réhabilite le cochon et l’image dégradante que notre inconscient populaire véhicule à son sujet. Passé cet astucieux moment, place au pur délire de série Z, qui se prend néanmoins plutôt au sérieux. Car oui, dans ce thriller fantastique inscrit dans notre période contemporaine, des cochons habités par une intelligence satanique œuvrent bel et bien pour anéantir l’humanité ! De méchants porcs conspirent et passent donc à l’attaque, très concrètement en cherchant à mordre et boulotter les héros qui ont, quant à eux, des armes en argent pour les tuer. Hé oui, on éradique les cochons tueurs de la même manière que les loups garous. Ainsi, le crash de l’Hindenburg, la catastrophe de Tchernobyl… voilà encore de sales coups des cochons ! Passée la surprise d’un pitch aussi culotté (après tout, en 1978, le cinéma nous avait bien fourni une Attaque de tomates tueuses venues de l’espace…), on assiste donc à la lutte d’un couple de héros investi par la mission de lutter contre cet ennemi porcin. Au cours des 6 chapitres – comme autant de fascicules périodiques comics publiés outre-Atlantique – le dessin encré et semi-réaliste de Mauricet est régulier, varié, détaillé, très pro, en tout cas fort agréable à suivre. Il permet d’assister à des scènes et des dialogues surréalistes, parfois un peu gores, généralement complètement déjantés. Le cahier final dévoile le pitch de ce projet barré, tel que le scénariste Tyron Finch l’a présenté à son éditeur. Ce dernier lui a aussitôt répondu : allez, balance ton porc…