L'histoire :
En 1985, tranquillement assis dans le fauteuil du salon de sa maison de Floride, Szulim Bloom, patriarche d’une famille juive et rescapé d’Auschwitz, raconte ses terribles souvenirs de guerre à ses cinq petits-enfants. Et il y met les détails sanguinolents qui lui valent une totale attention de son auditoire. 21 ans plus tard, les enfants sont devenus parents à leur tour et ils sont disséminés à travers les USA, avec des situations différentes. Parmi eux, Magda semble être la plus attirée par la généalogie, mais aussi la plus bordélique dans sa vie. Elle rentre tard, ce soir-là, suite à une énième panne de son tacot sur une route d’Arizona. Son fils de 16 ans lui avoue alors qu’il a décidé d’aller vivre avec son père, à San Diego. Il n’en peut plus du taudis dans lequel ils vivent. Plus tard, dans la soirée, Magda s’aperçoit sur le réseau social de la famille, que tout le monde semble s’être donné rendez-vous pour un voyage imminent sur les terres de leurs ancêtres, en Pologne. Toute la famille est taguée, sauf elle ! Magda est dégoûtée. Elle appelle aussitôt son oncle Jack qui n’a pas vraiment l’intention de la convier. Elle représente un tel nid à problèmes… En même temps, c’est elle qui a conservé les archives de la famille, donc faire ce genre de voyage sans elle serait une hérésie !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une immersion au sein d’une grande famille juive ashkénaze quelque peu déchirée, c’est au moins du même niveau épique qu’une saga d’heroïc-fantasy ! D’autant que la quête en question prend pour objectif un voyage initiatique sur les terres des ancêtres et les sites commémoratifs de la shoah, en Pologne. C’est à cette intrigue improbable que nous convie le scénariste américain Dan Goldman, sur une partition graphique semi-réaliste correcte, mais sans grand intérêt artistique, du dessinateur brésilien George Schall. L’arbre généalogique proposé en préface sera d’une grande aide pour comprendre les ramifications de cette famille explosée, au sein de laquelle le personnage de Magda fait office de carrefour. Cette personnalité attachante souffre d’une faillite familiale et financière, elle se néglige et se retrouve dans la peau, initialement, du vilain petit canard. Pourtant, c’est bien elle qui fera office de guide tout du long de ce voyage mémoriel. Au cours de dialogues nombreux et de vacheries caricaturales des caractères affirmés des familles juives (vous avez vu La vérité si je mens ?), on suit sans s’ennuyer ce long périple de près de 150 pages, qui passe par le camp de la mort d’Auschwitz, les cimetières où sont inhumés les ancêtres et un jeu de piste vers les anciennes maisons de leur jeunesse. Une autre manière d’aborder la shoah, depuis le prisme contemporain.