L'histoire :
En 1940, dans la ville de Paris occupée par les nazis, un sniper se trouve en embuscade sur le toit d’un immeuble, avec Hitler dans la ligne de mire de son fusil du futur. Venus de l’année 2054, Tarik et Avery, deux agents de la BTA, interviennent alors pour l’empêcher de changer le cours de l’Histoire, ce qui est strictement interdit depuis que les voyages temporels ont été créés. Une bagarre et une course-poursuite sur les toits s’ensuit, qui se termine dans la Seine par la mort du sniper. A l’origine de cette intervention, Tarik récupère le dichrome que l’homme porte au poignet et retourne porter secours à Avery, son ami blessé dans la bagarre par un coup de couteau à l’épaule. Puis il l’emmène jusqu’à une cave où se trouve un point d’extraction vers leur époque. Ils activent alors le transfert et se retrouvent dans le Maryland en 2054. Avery est aussitôt pris en charge par des médecins et Tarik passe à la désinfection obligatoire. Il enfile ensuite ses habits de 2054 et rend visite à sa mère souffrant d’Alzheimer. Il tente de négocier avec elle qu’elle entre dans un institut… mais ça n’est pas évident. Puis il passe voir son ami Avery à l’hôpital, après qu’il a été soigné de ses blessures. Ils évoquent la complexité de leur job d’agents « régulateurs » des déviants temporels. Leurs missions sont de plus en plus complexes, et c’est d’autant plus inquiétant qu’il existe des anomalies qui leur échappe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
RetroActive est une création originale des Humanoïdes Associés pour le marché des comics américains et logiquement édité en France sous le label H1. En auteur complet, Ibrahim Moustafa s’empare d’un bon vieux classique des fictions de SF : les voyages temporels et tout ce qu’ils induisent comme paradoxes inextricables. A-t-on le droit d’aller buter Hitler dans le passé pour éviter qu’il ne commette la shoah ? La séquence d’ouverture nous place d’emblée face au point Godwin, afin de poser le postulat qui régit toute l’intrigue : on ne doit jamais modifier le passé (il faut lire Le voyageur imprudent de Barjavel pour comprendre pourquoi). Or évidemment, à partir du moment où on peut se balader entre les époques, cela reste une intention de principe… et c’est là ce qui fait le sel des paradoxes, dont peu de scénaristes savent se dépatouiller. Cette aventure en 122 planches n’échappe donc pas aux incohérences et aux petits arrangements… voire à l’embrouillamini du lecteur, qui a bien du mal à se repérer entre les intentions contradictoires et les personnages en double, l’un du présent, l’autre du futur. Sachant que ces notions n’ont plus réellement de sens à partir du moment où l’on passe à volonté d’une période à une autre. Les amateurs des films Looper, Retour vers le futur ou Tenet retrouveront les mêmes problématiques, les mêmes débats de fond. Ils accepteront d’autant mieux la grosse dose d’action, d’explosion, de baston et de fusillades qui siéent au genre, que l’ensemble est dessiné avec un dessin réaliste régulier.