L'histoire :
La corpulence et les capacités athlétiques de Scott lui promettaient un avenir radieux dans le football américain. Il sortait alors avec Gwen, une fille super canon, qui l’a hélas plaqué quand il n’a finalement pas intégré la NFL (National Football League). Cet évènement a poussé Scott à prendre un virage radical. Il a décidé dès lors de devenir… sumotori ! Les combats de Sumo appartiennent à un sport très particulier, qui oblige Scott à nombre de concessions. Il lui faut déjà s’expatrier au Japon, le seul pays où il se pratique, mais où il ne connait personne. Puis il doit se teindre les cheveux en noir (à l’origine, Scott est blond), se faire un chignon, bouffer des quantités astronomiques de « Nabe » (ragoût très riche composé de nouilles + viande + légumes, afin de faire grossir les sumotoris) et accepter d’être de toutes les corvées, dans les premiers temps. Avant son départ, ses potes étaient affligés par cette décision. Réunis autour du zinc d’un bar, ils ont essayé de le dissuader de partir… en vain. Même Gwen s’y est mise, en regrettant ses aventures passagères avec d’autres mecs, en lui disant que c’était lui qu’elle aimait… Mais rien n’y a fait : Scott avait pris sa décision. Et aujourd’hui, après des semaines d’entrainement, de nostalgie et de remises en questions, il doit mener un combat officiel et se prouver que ce choix de vie était le bon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Thien Pham, auteur américain d’origine asiatique, a semble-t-il le profil socio-ethnique adéquat pour raconter cette histoire surprenante d’un américain qui s’exile au Japon pour devenir sumotori ! Avouez, quand même, il faut vraiment le vouloir, non ? Les motivations de ce virage de vie font tout le sel de ce roman graphique. Il en va donc du parcours initiatique, du nouveau départ, de la prise en main de son destin, de la lutte contre soi-même… Thien Pham n’insiste d’ailleurs sur rien d’autre que sur ces thématiques. On en apprend en effet peu sur la culture du Sumo ; et peu aussi sur les liens qui relient le personnage central aux autres protagonistes. Quid des amitiés auxquelles il est prêt à tourner le dos ? De sa relation brisée avec son ex… ou de celle naissante avec la petite japonaise ? Le minimalisme est semble-t-il un parti-pris qui permet de se concentrer sur l'essentiel. Un parti-pris autant narratif que graphique, car le dessin très schématique sert de vecteur à une chronique sociale chiche en dialogues. La grosse centaine de pages de ce petit bouquin se parcourt donc très vite. Une originalité de traitement vient tout de même des trois grandes catégories de séquences qui s’alternent et se distinguent par des traitements bichromiques différents. Le bleu pour sa séparation difficile d’avec ses potes et sa copine ; le vert pour sa rencontre avec la japonaise Asami ; le orange pour les phases d’entrainement ou de combat au présent. Et vous, si vous rompiez, seriez-vous prêts à emprunter la voie du Sumo ?
