L'histoire :
Frank Smith est né dans un champ de coton en 1933 en Caroline du Sud. Sa mère a travaillé dans le champ juste après sa naissance. A cinq ans, la famille part à New York et il a grandi dans le travail et les corvées. De sorte qu’il devient rapidement une véritable force de la nature. Il se passionne alors tout naturellement pour le football américain et devient très vite le meilleur et le plus costaud sur le terrain. Son surnom de « Big Black ». Cependant, on fait tous des bêtises quand on est jeune et celle de Smith va lui coûter très cher. En 1965, il aide un ami, Iron Horse, et trempe dans une sombre affaire d’argent et de drogue. Le plan était simple : braquer une grosse somme dans une maison de jeux où devait se faire un deal. D’ailleurs, tout se passe parfaitement bien et le duo empoche le jackpot. Sauf qu’ils n’avaient pas prévu la réaction : les mafieux ont reconnu facilement Iron Horse et ont laissé la police régler le problème. Résultat des courses : arrestation, procès et quinze ans de détention pour Frank Smith ! Destination Attica, l’un des centres les plus durs du pays. Les années passent et la situation dans la prison se tend de plus en plus : les détenus ne supportent plus les conditions, revendiquent de plus en plus leurs droits et demandent des améliorations concrètes. Le souci, c’est que les chefs détestent l’idée d’une rébellion et le dialogue s’annonce plus que compliqué...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a des événements forts qui ont marqué l’histoire et qui suffisent à eux seuls à faire un récit puissant : les événements tragiques de la prison d’Attica en font partie. Des maltraitances et traitements inhumains, une prison en pleine ébullition, une révolte noyée dans le sang et le combat d’un homme pour retrouver la dignité de ses frères... La vie de Frank Big Black Smith méritait bien un comics pour comprendre à quel point le racisme et l’intolérance pouvaient faire des ravages, peu de temps encore avant notre ère. Jared Reinmuth a bien connu le charismatique leader de la révolte d’Attica et il raconte avec précision tous les événements effroyables qui se sont déroulés le 13 septembre 1971. On apprend également quelques éléments de vie de Smith ainsi que toutes les conséquences désastreuses de l’attaque de la prison. C’est un véritable brûlot contre le racisme des blancs et de tous les Américains puissants de l’époque, à commencer par le gouverneur Rockefeller et le président Nixon. En effet, la description précise des faits suffit à ressentir une honte terrible et un dégoût envers les lois iniques de l’époque. Face au racisme violent et détestable, la figure calme et pacifique de Big Black rend les événements encore plus pathétiques. On ne cherchera pas l’originalité dans le traitement très historique de ce récit mais la narration n’a pas besoin de beaucoup d’effets tant les événements sont retentissants. Améziane a la lourde tâche de dessiner tous ces épisodes pas forcément faciles à représenter, que ce soit par le nombre important des détenus ou par la violence extrême de certains passages. Le résultat est plutôt probant même si les corps sont un peu figés. Malgré tout, l’émotion transpire des visages des personnages et certaines planches mettent mal à l’aise face aux brutalités terribles des policiers. Bien entendu, ce récit marquant sonne comme une leçon essentielle face à l’actualité américaine et le mouvement « Black lives matter ».