L'histoire :
La situation économique est bien mauvaise ces derniers temps. Les usines ferment les unes après les autres, entraînant une véritable dépression dans la population. Les mœurs ont changé, certaines excentricités d'autrefois sont dorénavant devenues choses courantes. Doll est travesti et travaille dans l'un des clubs à la mode, le Catwalk. Là-bas, elle gère le vestiaire avec le sourire. Une fois tous les tickets attribués, aucune autre entrée n'est possible. Dès l'instant où la musique démarre, Doll aime se dandiner à la vue de tous. Alors qu'elle danse, elle ne voit pas un des clients dont l'accès lui avait été refusé quelques minutes auparavant mettre le souk dans les vestiaires. Ce bazar n'est pas vraiment bien vu par ses employeurs, qui la congédient derechef. En sortant, Doll entend parler d'un casting pour le célèbre couturier Célestine. Tout le monde peut s'y présenter, peu nombreux seront les élus. Sans travail et avec un petit espoir, elle se rend là-bas...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans les années 80, Alan Moore a multiplié les chefs d’œuvre comme peu l'ont fait. C'est en 1985 que le scénariste barbu reçut une demande de Malcolm McLaren, hurluberlu bien connu des fans des Sex Pistols puisqu'il en a été leur manager. Cette proposition fut d'écrire avec lui un long métrage. Tous les deux mirent leurs idées en commun et cela donna Fashion Beast, un récit resté dans les tiroirs des studios de cinéma durant plus de 25 ans. En 2012, Avatar Press sollicita Alan Moore pour adapter son script en bande dessinée. Le créateur de Watchmen n'étant pas vraiment partant pour effectuer cette transposition, la tâche fut confiée à Anthony Johnston, un auteur qu'on a pu voir sur DareDevil. Dès les premières pages, on retrouve l'inspiration de Moore, celle de l'époque de V pour vendetta, avec un climat social tendu, une ouverture d'esprit absente, etc. Anthony Johnston ne bâcle pas le travail et conserve la narration initiale qui se veut par instant aérienne, propre au cinéma. Les personnages sont bien caractérisés et bénéficient d'une certaine profondeur. Si le bilan est globalement positif, le seul défaut est que l'album se lit assez vite. Les 5 épisodes se lisent d'une traite et le cliffhanger donne clairement envie de voir comment le récit va se poursuivre. Facundo Percio se charge des dessins de toute la série. Celui que l'on a découvert sur Anna Mercury a bien progressé et offre des cases bien remplies. Seul bémol, le design des visages n'est peut être pas ce qui se fait de mieux. Si on pouvait penser que Fashion Beast n'aurait de Moore que le nom sur la couverture, cette adaptation mérite largement le coup d’œil et devrait, pourquoi pas intriguer les fans du scénariste.