L'histoire :
Deux adolescents lourdement armés font irruption au sein de la bibliothèque de leur école et ouvrent le feu sur les personnes présentes. Soudain une vitre explose et à travers les morceaux de verre, la silhouette d'Hit-Girl se dessine, équipée de ses deux longs sabres. Passée experte dans le découpage de tête façon sashimi, elle règle rapidement le cas du premier tireur dont l'arme s'est enrayée avec une jolie coupe en dessous des oreilles. Poursuivant le second à travers les rayonnages, elle stoppe finalement sa course en l'écrasant sous une étagère pleine de gros bouquins. C'est alors qu'elle aperçoit un livre qui va attirer profondément son attention intitulé « La légende Hit-Girl » et qui semble être une sorte de biographie sur sa vie. En bas de couverture un petit macaron indique que cette histoire va tout prochainement être adaptée au cinéma. Il lui est insupportable d'imaginer son père Big Daddy revivre sous les traits d'un autre, elle en fait donc une affaire personnelle et décide de lever les voiles direction Hollywood…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici le quatrième opus des aventures de Hit-Girl à travers le monde et cette fois-ci c'est Kevin Smith qui est aux manettes de ce numéro. Célébrité du cinéma indépendant américain, il a réalisé des films comme Dogma ou Clerks mais il est aussi connu pour être un grand fan de comics et avoir scénarisé des histoires pour DC et Marvel. En réponse à la terrible affaire Harvey Weinstein qui a ébranlé Hollywood, il imagine ici un récit dans lequel Mindy croise la route de deux justiciers qui traquent les prédateurs sexuels au cœur de la plus célèbre industrie du cinéma. L'idée aurait été bonne et louable si le traitement qui en avait été fait était pertinent mais on ressent ici juste un opportunisme racoleur qui ne rend en aucun cas hommage à toutes ces femmes victimes. Hit-Girl rencontre donc une jeune rédemptrice qui se fait poétiquement appeler « la coupeuse de bite » et qui tranche dans le vif les pénis des producteurs responsables d'agressions sexuelles. Voilà : le scenario tient sur un post-it ! C'est vulgaire, c'est creux, autrement dit c'est d'une nullité abyssale. Clairement, Kevin Smith aurait mieux fait de rester tranquillement chez lui assis confortablement dans son canapé à remplir une grille de mots croisés plutôt que de nous faire subir le supplice de la lecture de cet objet apparemment apparenté à une bande dessinée. Nous apprenons dans la petite biographie de fin de livre que Hit-girl à Hollywood est la première BD de Pernille Orum et cela se voit. Sans remettre en question ses qualités d'illustratrice, être dessinateur de BD est un métier qui ne s'improvise pas et lorsqu’on n'est pas capable de faire des décors, cela finit par se voir et ça fait un peu tâche ! Les personnages sont aussi statiques que des parpaings et les scènes d'action sont encore moins dynamiques qu'un ralenti d'un épisode de l'inspecteur Derrick shooté au prozac ! Pour résumer, lire le Hit-Girl de Kevin Smith c'est un peu comme ouvrir le gros cadeau sous le sapin de Noël et s'apercevoir que sous le tas de polystyrène, il n'y a qu'un vieux quignon de pain rassis.