L'histoire :
Dans le Texas, à Conroe, le couple Evans stresse un peu. En effet, ils sont invités par leur voisin Walter et Bonnie pour voir leur premier enfant. Ou plutôt pour exhiber leur fabuleux achat ! Comme d’habitude, la technologie est à la pointe chez eux. Jusqu’à l’entrée où une caméra reconnaît Bill et Suelynn Evans et les laisse entrer. Ils sont ensuite mal à l’aise car le salon est recouvert d’immenses cadeaux. Ils ont toutefois le temps de poser discrètement leur modeste cadeau, pendant que les invités sont occupés à admirer l’enfant Denny. Il est déjà bien grand pour un nouveau-né mais c’est plutôt normal : la famille a commandé un robot ultra sophistiqué qui sait déjà tout et qui s’adapte très rapidement. Une fois rentrés chez eux, les Evans discutent de ce fameux Denny. Suelynn est très emballée à l’idée d’avoir un enfant mais elle a aussi conscience qu’avec leurs moyens plus modestes, ils n’auront pas un droïde de la même qualité. Même si Bill est contre ce principe, il n’a pas trop le choix et doit accepter la demande pressante de sa compagne. Ils vont bientôt recevoir une fille…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Made in Korea est ce genre de roman graphique que l’on n’oublie pas après l'avoir lu. La narration simple nous plonge directement dans le vif du sujet. Elle a un côté fortement addictif, à tel point que l’on a presque l’impression d’être un robot pris au piège et programmé pour tourner les pages et avaler le comics ! A l’image de cette droïde, Jesse et de son visage rond et lisse, il y a un côté fascinant dans cette histoire. Récit sur les robots, sur la vie artificielle et les émotions réelles ou non, le thème du maître et de sa machine : tout cela sent le déjà-vu, mais l’originalité réside dans le fond du sujet. A travers la machine enfant, c’est toute la parenté que l’on explore. Comment élever un enfant quand il n’est pas de chair, comment un robot peut-il évoluer au sein d’enfants « normaux », comment cette version peut-elle même survivre alors qu’elle est différente des autres modèles ? Toutes ces thématiques fortes ont une résonance bien particulière quand on sait que les auteurs parlent en réalité d’eux-mêmes sur les sujets de l’adoption, du mélange d’origine, du transgenre et de la quête d’identité. Un exutoire magnifique, donc, sublimé par le trait incroyablement efficace et sensible de George Schall. Son dessin minimaliste, étonnante fusion entre la culture asiatique et américaine, rend cette cruelle fable SF particulièrement poignante. Quelques mini histoires d’autres auteurs sur le même thème accompagnent la fin du volume, avec un résultat inégal. Succès prototype 4-5-9-4.
