L'histoire :
La Monkey Meat Company est une entreprise florissante qui produit la Monket meat, viande en conserve à base de singe. Elle possède une ile transformée au service de la compagnie et de son patron mégalomane et propose à ses clients des séjours fabuleux où le luxe côtoie l’indécence. Car pour créer ce parc d’attraction à ciel ouvert, le propriétaire sans scrupule a colonisé une ile perdue en y décimant une moitié de la population locale et en asservissant l’autre moitié, composant ainsi les joyeux employés de la corporation. C’est le cas du chasseur de singe Thaddeus Lug, autochtone d’abord chétif, devenu brute sanguinaire après avoir été forcé de pactiser avec le diable en col blanc. Dans cet univers où le cynisme est roi, on y croisera également Haricot, un adolescent fan de Naruto, un livreur uberisé prêt à tout pour mener à bout sa mission ou encore Atou, un jeune groupie qui va découvrir la face sombre de son entreprise favorite.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce qui frappe d’emblée dès la couverture de Monkey Meat, c’est le sentiment d’avoir entre les mains un ovni visuel tant le format et les couleurs vous explosent à la tronche. Et ce sentiment perdure à la lecture des différentes histoires qui composent cette anthologie prenant place dans ce monde original d’une entreprise toute puissante exploitant sans vergogne sa population locale dans le seul but d’amasser le plus d’argent possible et d’expérimenter toute sorte de technologie farfelues. Toute ressemblance avec des entreprises existantes serait purement…évidentes ! Juni Ba, auteur sénégalais embauché par DC comics (Teenage Mutant Ninja Turtles) parle ici de ce qu’il connait et de ce qu’il a vu de ces entreprises capitalistes qui ont pillé le continent africain en en faisant une satire dystopique flamboyante. De son propre aveu, l’univers visuel de Juni Ba fait énormément penser à celui de Jamie Hewlet, le dessinateur de Tank Girl mais surtout de Gorillaz et ses singes punks. Ainsi, on assiste dans une explosion de couleurs, à des combats dantesques où les cases ont peine à se maintenir en place. Pour cela Juni Ba multiplie les influences lorgnant autant vers les mangas que les animés Cartoon Network à tel point qu’il est parfois difficile de s’y retrouver. Car c’est le seul défaut de cet album, malgré le plaisir que prend l’auteur à nous offrir son univers, le lecteur peine à suivre les histoires et à s’y retrouver visuellement et on a le sentiment de se retrouver face à un gâteau d’apparence sublime mais qui finit par être aussi indigeste qu’il est généreux. Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir car on s’amuse beaucoup à la lecture de Monkey Meat et au passage, saluons aussi le réel effort de Panini qui a mis le paquet pour sortir une très belle édition et mettre en avant un auteur africain, à suivre de toute évidence.