L'histoire :
Sophie est enfin revenue d'Immateria et n'a qu'une hâte : revoir Stacia afin de reprendre son rôle de Prométhéa. Mais celle-ci n'est pas encline à lui rendre sa place, car sa relation avec Grace est devenue amour. Les deux jeunes femmes se disputent alors et finissent par en venir aux mains. Le problème est qu'elles prennent toutes deux l'apparence de Prométhéa et que leur combat provoque nombre de catastrophes dans toute la ville. Brusquement, elles s'évanouissent, avant de se réveiller dans un tribunal un peu spécial. Un procès a lieu pour savoir laquelle des deux incarnations doit être l'unique Prométhéa. D'un côté, Grace et Stacia ne veulent pas abandonner leur nouveau rôle sur Terre, tandis que Sophie insiste en disant qu'elles devaient simplement la remplacer, le temps de son voyage à Immateria. Les arguments de chacun des camps arrive à convaincre l'assemblée mais le juge est contrarié, car sa décision n'est pas simple. Pourtant, un choix est fait : elles vont devoir se partager le rôle de Prométhéa, même si cela se fait en dépit du bon sens...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si Alan Moore est connu pour de nombreuses séries ou titres cultes – parmi lesquelles Watchmen ou plus récemment Filles perdues – Promethea fait parti de ses projets ambitieux et pour autant assez méconnus du grand public. Pourtant, le travail du scénariste anglais est exemplaire. Il reprend le mythe du super héros et le mêle à plusieurs réflexions sur la magie, la religion et même sur la justice. L'aspect super héros est traité sous un aspect assez décalé : Promethea ressemble au début à Wonder Woman. De même, dans ce New York parallèle, on retrouve non pas les Quatre Fantastiques mais Cinq Formidables. Le récit du créateur de V pour Vendetta a certes mis un peu de temps à décoller, mais à présent le plaisir est total. Il l’est d’autant plus, que le scénariste a eu la bonne idée de faire un cross over avec une autre de ses créations, Tom Strong, dont le rôle semble important dans la conclusion de la série (au prochain tome). L'imagination débordante de Moore semble donc mieux canalisée, ce qui rend la lecture plus rythmée. Les dessins de J.H. Williams III impressionnent toujours autant, même si les délires visuels, propres à l'auteur, sont moins présents dans ce tome (plus ancré dans la réalité, sur les ¾ de l’album). Signalons aussi que le dessinateur s'en sort à merveille en reprenant le héros créé par Chris Sprouse et réussit l'exploit de bien l'insérer dans le monde sombre de Promethea. Beau et bien écrit, un excellent tome.