L'histoire :
Ils sont chez le vétérinaire et la petite chienne Sophie est plus qu’inquiète. Sa maîtresse s’en veut et elle sait que sa chienne ressent les choses. Sophie sent qu’elle va avoir une nouvelle piqûre mais la vétérinaire rassure la cliente : les chiens ont une mémoire très courte qui ne balaie que les deux derniers jours. La vétérinaire pique Sophie et c’est le brouillard. Elle se réveille ensuite dans un lieu inconnu. Elle est déposée par les mains d’un homme au milieu d’autres chiens. Ils sont nombreux et ils flairent sans ménagement la nouvelle venue. Sophie est encore plus terrorisée mais l’un d’eux met fin au manège et se rapproche d’elle. Il se présente : ils s’appelle Rusty. Il présente ensuite ses compagnons, tous des chiens abandonnés qui ont été recueillis par ce gentil maitre. Il décide ensuite de présenter tous les lieux de la maison en commençant par l’endroit où ils se trouvent, la véranda. Ils sont souvent ici et les coussins sont doux. Puis ils vont au salon, dans la cuisine, dans le petit jardin et le grand jardin où ils peuvent faire leurs besoins et s’amuser à loisir. Il n’y a qu’une pièce que Sophie ne pourra jamais voir : c’est le salon privé du maître, un lieu où ils ont interdiction de rentrer. Sophie ne semble pas rassurée pour autant et elle urine sans le vouloir sur le tapis. Tous les chiens la regardent avec dégoût sauf Rusty qui tente de la réconforter. Il est normal d’être inquiet quand on découvre un nouvel endroit. Mais est-ce vraiment la raison pour laquelle Sophie est inquiète ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand on lit le script de Stray Dogs, on se demande dans quel délire on est tombé ! Des personnages canins zoomorphes qui prennent la place des tennage d’habitude victimes d’une situation d’horreur, c’est quand même un peu étrange comme idée de base. Un peu comme si la firme Disney en avait assez de faire dans le gentillet et le mièvre et s’essayait au registre de la peur. Et pourtant, Tony Fleecs réussit un sacré tour de force en nous faisant vivre le quotidien de chiens paisibles qui peuvent parler entre eux mais qui ont une mémoire défaillante. Là réside tout le génie du récit puisque le scénariste va exploiter la faille de ses personnages pour mieux augmenter la tension de son histoire. Et en matière de tension, vous allez être servi puisque ce thriller d’un nouveau genre vous tient plus sûrement et plus efficacement à la gorge qu’un pitbull aux dents acérés ! Chaque chapitre est un nouveau coup qui coupe le souffle avec des fins d’épisodes terribles qui font qu’on ne peut pas lâcher le livre avant de savoir comment tout cela va finir. Le résultat est d’autant plus glaçant que le dessin de Trish Forstner joue sur le contraste entre un style d’animation quasi chibi et des chiens adorables et des passages terrifiants où le rouge sang souligne l’instant dramatique. La dessinatrice de My Little Pony réalise elle aussi une sacrée performance avec ce grand écart et son style graphique qui joue habilement sur l’ambivalence entre dessins faussement naïfs et scènes de suspense intense est un pur régal. On se délectera également de ses magnifiques couvertures en forme de clins d’œil qui parodient des célèbres affiches de films d’horreur (le comics est d’ailleurs proposé avec trois versions/ couvertures différentes). Même si on aurait aimé que l’album soit un peu plus long plutôt que proposer des « postfaces » moins intéressantes, ce récit atypique ne manque pas de chien !