L'histoire :
Un type assez costaud court sur son tapis d’entraînement. De minuscules lumières rouges sont visibles dans les trappes d’aération. Plus loin, dans la même maison, d’autres types regardent la télévision, une bouteille de bière dans une main et une arme à feu dans l’autre. Soudain, tous regardent ces curieuses lumières qui sortent de la trappe et de la cheminée... L’homme qui s’entrainait, cesse son activité et s’empare lui aussi d’une arme. Il a clairement l’impression que quelque chose cloche et alors qu’il s’approche de la porte où sont sensés se trouver les autres types, il reçoit une salve de balles qui le tue sur le coup. Un camion, situé à quelques encablures de là, ouvre ses portes arrière et un homme y fait entrer les sources de ces lumières rouges. Le véhicule démarre et se rend ensuite sur une base de l’US Air Force. A l’intérieur se trouvent trois soldats d’un nouveau type. Des chercheurs ont utilisé des animaux pour piloter des armures de combat et éviter ainsi les pertes humaines. Un chien, un chat et un lapin forment l’unité WE3 mais celle-ci risque d’être prochainement fermée. C’est ce que souhaite un politicien mais le docteur Berry ne peut se contraindre à les voir mourir. Elle les laisse donc s’enfuir de la base. Seulement, à l’extérieur et sans contrôle humain, ils risquent d’être terriblement dangereux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Scénariste apparu dans les années 80, Grant Morrison est un auteur écossais qui, année après année, a su revisiter bon nombre d’univers. Alors qu’il a déjà œuvré chez DC Comics sur de nombreux super héros, il s’est lancé en 2004 au sein de la collection Vertigo dans un projet de roman graphique en trois parties qu’il a surnommé être son western manga. Dans WE3, il raconte le destin de trois animaux (un chien, un chat et un loup) et comme ceux-ci sont devenus des armes de destruction massive à l’instant où des scientifiques (mal intentionnés) les ont revêtu d’exosquelettes mécaniques. D’un apparent récit d’action assez violent, Morrison tisse en réalité une profonde réflexion sur la nature humaine et aussi animale. Le destin tragique de ces pauvres bêtes est véritablement émouvant. Chaque partie est introduite par un avis de recherche des propriétaires des animaux et saura provoquer quelques remouds chez les plus sensibles. Au travers des quelques bribes de mots qu’ils ont appris, ces animaux montrent une solidarité aujourd’hui oubliée chez les hommes. L’auteur ne se gêne pas pour critiquer les exactions commises par l’armée au nom du progrès et surtout d’une paix qui n’arrive jamais. Assez intense, l’histoire se lit très vite et est magnifiée par la prestance de Frank Quitely aux dessins. L’un des illustrateurs habituels de Morrison offre des pages spectaculaires en termes de précision et rappellera sur certains passages les excellents Geof Darrow ou John Cassaday. Ouvrez We3 et vous vous prendrez une des claques les plus plaisantes de ces dernières années, de celles qui laissent des traces et vous font réfléchir. Un titre qui évoque aux lecteurs les travers de la nature humaine, ses excès mais jamais ses bons côtés. Une lecture pessimiste mais passionnante.
