L'histoire :
L'Angleterre n'avait d'yeux que pour l'Allemagne. La Birmanie ? C'est quoi ? C'est où ? Quelle comparaison possible avec El Alamein, Malte, la Sicile, Salerne, Anzio ? Ou avec le débarquement, que tout le monde savait proche, maintenant ? Si Churchill a mentionné la Birmanie dans un de ses discours, il faudra me dire lequel. Nous étions juste oubliés, nous les Chindits. 12 000 hommes, envoyés à plus de 200 kms à l’intérieur des terres, pour une opération sans précédent. La Jungle nous en avait pris beaucoup : le palu, la dysenterie... Toute la logistique passait par les avions de l'US Air Force, nous dépendions entièrement de la capacité aérienne pour être ravitaillés. Mais sur le terrain, on devait se débrouiller avec ce qu'il restait et nos blessés ne pouvaient pas être exfiltrés... Nous, les anglais, nous étions faits bouter hors de Malaisie, de Ceylan, de Birmanie, de partout... Les Indiens se battaient pour nous et leurs efforts pour la guerre leur vaudrait leur indépendance. Eux aussi, étaient directement menacés par l'Empire Japonais. L’invasion avait tout juste été contenue à Imphal et Kohima. Moi j'étais à la tête d'environ 10 % des troupes. J'avais un bataillon de fusiliers londoniens, que j'avais formés et j'avais un bataillon de gurkhas, des guerriers provenant des montagnes du Népal...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si Garth Ennis est connu pour ses coups de génie et aussi ses excentricités, il est agréable de constater que de plus en plus d'éditeurs donnent aussi une chance à ses récits de guerre. Et par conséquent, c'est bienheureux que le lectorat français peut bénéficier de ce pan de son œuvre, car il excelle dans le genre. On se souvient de War ils Hell, Histoires de Guerre ou la réédition de 303 chez Panini et plus récemment chez K.I Battlefields. Alors après Out of the Blue, Paquet propose un second récit de guerre du scénariste irlandais : The Lion and the Eagle/. Cette fois-ci, c'est sur l'Asie qu'Ennis tourne son regard en nous prenant à témoin d'une véritable boucherie. D'ailleurs, la postface qu'il signe, il l'écrit bien plus en tant qu'historien des conflits qu'en tant que scénariste de comics. On le sait, il aime s'appuyer sur des personnages forts ; cette fois-ci, c'est un duo qui va animer l'histoire. Un haut officier britannique et un médecin, tous deux faisant partie des Chindits. Les Chindits ont été une force spéciale composée d'Indiens, de Gurkhas, de chinois, sous la direction d'officiers britanniques. Entraînés comme des commandos, ils furent parachutés des dizaines de kilomètres derrière la ligne de front pour traquer et décimer les japs de l’intérieur, en territoire Birman. La différence avec les commandos, c'est que les Chindits montaient à l'assaut à plus grande échelle. On se retrouve donc en plein merdier de Birmanie, quand le ravitaillement de ces gars dépendait exclusivement de l'US Air Force et que toute la logistique passait par les airs. La jungle est pourtant omniprésente, puisqu'en quelques mois, ces troupes en traversèrent plus de 1500 kms. Le récit est donc rude car il épouse la violence de la guerre. PJ Holden l'illustre sobrement, jusqu'à ce que les scènes de bataille deviennent le théâtre d'un carnage dont le lecteur devient témoin. Quant aux couleurs de Matt Milla, elle s'adaptent parfaitement aux décors tropicaux et elles contribuent pleinement à la réussite de l'album. A vos abris !