L'histoire :
A Newton Lower Falls, trois héros loufoques vivent en compagnie des meubles, des massacres de cerfs et au milieu d’insectes sous verre : Oncle Gabby, un singe de chiffon, Pouce et Monsieur Corbeau. Gabby décide d’aller chasser des salamandres et emprunte une épuisette. Après les avoir chassés et ramenés à la maison, les salamandres se rebellent et attaquent. Vite, vite, un peu de chloroforme…Plus tard, par un radieux matin de mai, Corbeau et Gabby s’interrogent sur la théorie des dominos. Leur ambition : tenter d’obtenir un mouvement perpétuel. Mais tout à coup, alors que le jeu de domino avait été installé, débarque une poupée effrayante qui dit avoir capturé un poney attaché à son charriot de laitier. Pure illusion ? Les deux compères vont vérifier. Bienvenue dans un monde improbable aux multiples péripéties, où les illusions sont parfois plus vraies que nature…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Scott Richardson, alias Tony Millionaire, n’est pas un inconnu dans le monde de la BD. Lauréat du Eisner Award de la meilleure publication d’humour avec Oncle Gabby le Sock Monkey en 2004 et sélectionné à Angoulême en 2008, son œuvre s’inscrit dans les illustres pas d’Ernest Shepard (Winnie l’Ourson) ou Lewis Carroll, célèbres conteurs pour enfants. Proposant une logique en apparence absurde d’où il affleure merveilleux et onirisme, l’auteur n’hésite pas à marier les contraires en conjuguant douce cruauté du propos et tendresse graphique (voir les scènes avec ciseaux et peluches), dans un style tour à tour lancinant ou énervé, drôle ou effrayant. Avec des morses aux défenses acérées, des poupées Chucky flippantes, des singes punk aux yeux exorbités, des salamandres en mode fight…Toujours avec un brin d’ironie, il soulève des questions existentielles liées au règne animal, au fonctionnement des écosystèmes ou plus largement, tente d’initier des réflexions philosophiques sur le sens de la vie et la marche du monde. Ces quatre fables, bien qu’un peu inégales en termes d’intensité narrative, sont construites avec minutie et rigueur, d’autant que le graphisme au crayon sait jouer les variations de style pour tendre vers l’épure silencieuse, d’une grande poésie parfois. Après, c’est le genre de BD auxquelles on adhère immédiatement ou pas. Si l’univers animalier surréaliste fait de papier et de chiffon vous parle, pourquoi pas. Les autres n’y verront peut-être qu’une fable entomologiste ou une satire sociale un peu bizarre et ennuyeuse. A chacun de voir.