L'histoire :
Ce matin là, un drôle de bonhomme se pointe au bureau d'Unlimited Horizons, la boîte de transport aérien que Steve Canyon a fondée au sortir la guerre. L'émérite pilote de chasse a trouvé rapidement sa reconversion, en s'associant avec quelques camarades d'uniforme. Ce Monsieur Dayzee, enfin, c'est ainsi qu'il se présente, va rapidement apprendre de la bouche de Feeta-Feeta (c'est ainsi que Canyon surnomme sa secrétaire), que son client est à Mexico. Les affaires sont les affaires ! Pour autant, la compagnie s'est bien renseignée au sujet de Monsieur Dayzee et il apparaît qu'il ne peut être qu'un émissaire, en l'occurence celui de Madame Cooper Calhoon, une femme d'affaire réputée sans foi ni loi, à tel point que les courtiers de la ville lui ont trouvé le doux surnom de « vipère dorée ». De retour de son voyage d'affaires, Steve Canyon ne va pas échapper à une rencontre. Quand Cooper Calhoon veut quelque chose, elle ne lâche pas sa proie de sitôt. La preuve : en se rendant chez elle, Canyon doit mettre en œuvre son expérience du combat au corps à corps pour se débarrasser de deux de ses chiourmes. C'est le nez en sang qu'il va commencer à négocier avec la vipère...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
1947. Milton Caniff n'est pas surnommé le « Rembrandt des comics » pour rien. Au sortir d'une guerre à laquelle il n'a pas pu participer (réformé pour inaptitude physique), il est un artiste important. En vérité, c'est un titan, qui a dessiné Terry et les pirates durant 14 ans. Mais il est entièrement tributaire de son contrat, de sa capacité à produire quotidiennement, dimanche inclus. Son employeur et éditeur, le Chicago Tribute-New-York Syndicate ne compte pas se dispenser de son talent. Mais après plusieurs semaines de négociations, le dessinateur décroche le contrat qu'il a toujours voulu avec Marshall Field, riche homme d'affaire qui prospère aussi sur le marché de la presse. Ses revenus annuels sont augmentés de 33% et de royalties potentiels, il obtient la pleine propriété de ses créations, une liberté artistique totale et un contrôle absolu de son œuvre, puisqu'il n'est possible à l'éditeur de retoucher un dessin ou rectifier les dialogues qu'avec l'accord préalable de Caniff. De ce contrat naît la série Steve Canyon. Son lancement est grandiose : le jour même de sa parution, la série fait la Une du Times Magazine ! NBC n'est pas en reste, ce qui fait que le héros de Milton Caniff devient le premier d'une série de comic strips à bénéficier d'une promotion sur une chaîne de télévision nationale. Avant même d'avoir vu le moindre dessin, 162 quotidiens et 96 journaux du dimanche signent un contrat de publication ! Ce premier volume de 330 pages, qui représentent les deux années 1947 et 48, c'est le goût de l'aventure et de l’héroïsme. L’apparition d'un héros picaresque, personnage de romance, plongé dans les intrigues et qui incarne une figure patriotique. C'est le jeu d'ombres et de lumières de Milton Caniff, les femmes fatales, les voyages, l'exotisme... Bref, un travail magistral qui a trouvé son écrin avec cette édition.