L'histoire :
Le gigantissîme vaisseau de croisière multi-races Infinity Eight navigue entre la voie lactée et Andromède. À son bord, la sexy agent Moonkicker est accompagnée par un robot policier qui lui fait la morale. Les méthodes expéditives de Moonkicker dépassent trop régulièrement le cadre légal. Elle subit donc une inspection durant une période de réprobation. Sa nouvelle mission consiste à assurer la sécurité d’un colloque appelé : « Nazisme et art de vivre ». Comme la plupart des voyageurs, Moonkicker n’a aucune notion historique. Elle se pointe donc au bar, où de jolis ballons imprimés de croix gammées ont été gonflés. D’aimables clones de Rudolf Heiss l’accueillent chaleureusement et lui offrent un cocktail de bienvenue. En cette salle de conférence, vont être prodigués des conseils beauté, cuisine, décoration, en accord avec la philosophie d’élégance et de bonheur prônée par le nazisme… Evidemment, il y un élément perturbateur au stand de vente de mugs, un alien bleu appelé Shlomo Juiff, qui dénonce une propagande malsaine et nauséabonde. Moonkicker intervient donc en le raccompagnant à la porte. C’est à ce moment qu’elle reçoit une convocation urgente de la part du capitaine du vaisseau. Comme le stipule d’article 16 alinéa F, Moonkicker file donc à l’anglaise vers le poste de commandement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce 4ème fascicule prépublié, se précise la mécanique narrative d’Infinity 8, vaste série-concept multi-auteurs en forme de space opera de série B. Il semble en effet que chaque album, managé par un duo d’auteurs originaux de renom, sous la houlette de Lewis Trondheim, se penche sur une problématique commune de ce vaisseau interstellaire : la traversée d’un mystérieux champ d’astéroïdes morbides. Des tombes, des cadavres, des cimetières… des millions d’artefacts qui ont trait à la mort. Le biais technique est assuré par le capitaine du vaisseau, une espèce extraterrestre capable d’explorer des trames séquentielles, jusqu’à 8 séquences parallèles, afin de choisir ensuite la meilleure option. 8 séquences, pour 8 tomes, comme Infinity… 8 ! Le nouveau cycle de 3 fascicules souples au format comics – correspondant au tome 2 du format franco-belge à venir à partir de janvier 2017 – est dessiné de main de maître par Olivier Vatine. Toujours à l’aise dans le registre de la SF, Vatine met en scène des créatures, des éléments technoïdes et de superbes vues cosmiques, avec le dynamisme et la fluidité idoines. Côté scénar', ça ne se prend pas trop la tête et cette légèreté appliquée à la question du nazisme, généralement grave, se révèle une vraie force narrative. Nos nazis du futur sont en effet plus prompts à travailler dans Art et décoration qu’à la mise en place d’une nouvelle Shoa. Le décalage osé produit pas mal de vannes et d’humour – certes de second degré – et permet à ce début de cycle d’être enfin convaincant ! Vite on enchaîne sur le 5ème fascicule pour découvrir comment Moonkicker va s’en sortir face au fulminant « mec aux poils de nez » (Hitler…).