L'histoire :
Addison et sa sœur Lexa habitent à proximité immédiate de la « Spill zone », une zone de fortes perturbations quantiques située sur la ville de Poughkeepsie, où s’est produite une catastrophe nucléaire. La zone est aujourd’hui circonscrite et interdite par l’armée, mais Addison y pénètre régulièrement en moto-cross pour y faire des photos des phénomènes quantiques, qu’elle revend à prix d’or à une riche collectionneuse. Leur parents sont restés dans la zone, sans doute devenus aujourd’hui des zombis en lévitation comme tous les habitants victimes de la catastrophe. Cependant, Lexa et sa poupée Vespertine ont également été touchées… et depuis lors, Lexa ne communique plus qu’avec l’esprit quelque peu malfaisant qui hante sa poupée. Or Addison a accepté une mission hyper dangereuse, pour gagner 1 million de dollars : rapporter une « pile » ultra contaminée de l’appareil de radiographie de l’hôpital où travaillaient leurs parents. Elle y parvient, mais rapporte la pile chez eux. En faisant cela, des phénomènes se produisent dans la chambre de Lexa : ses poupées se mettent à danser avec Vespertine ! Lexa recouvre alors subitement la parole et Vespertine entre finalement aussi en communication avec Addison pour expliquer ses desideratas. Un autre personnage se rapproche également des deux sœurs : un nord-coréen capable de lévitation, car lui aussi exposé à une catastrophe quantique similaire s’étant produite en Corée du Nord…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La première partie du comic en diptyque Spill zone nous avait fortement intrigués. En effet, le scénariste Scott Westerfeld nous confrontait à des phénomènes à la frontière du paranormal, du scientifique et de la science-fiction, sans qu’on parvienne à faire le distinguo entre le plausible flippant et le fantasme tout aussi angoissant. Il convoquait tout un tas de références du genre fantastique – la poupée maléfique, les mutations nucléaires, les mondes parallèles – tout en leur trouvant une hallucinante cohésion. Et il mettait sur le devant de la scène deux héroïnes orphelines livrées à leurs propres intuitions et à leur courage. Le temps des explications est venu, tout en maintenant un fort niveau de rebondissements. Une dimension internationale se développe, par le truchement des nord-coréens et des palabres au haut niveau étatique. Mais c’est surtout la dimension parallèle qui se révèle, lorsque les créatures révèlent ce qu’elles souhaitent… et on vous laisse découvrir cela. Au final, Westerfeld livre là un excellent thriller sur un scénar fantastique original, cohérent et intriguant de bout en bout. Il s’appuie sur un dessin stylisé et régulier d’Alex Puvilland, qui confine parfois à l’art contemporain lors des séquences où les protagonistes basculent dans le monde parallèle de la dimension quantique (ex : p.47 et suivantes). Vivement la mise en service d’Iter à Cadarache, qu’on voit si ça fait pareil…