L'histoire :
Un homme habillé en Oncle Sam débarque dans un hôpital, où il malmène les infirmiers et les médecins sans but véritable, leur targuant que le système n’est plus ce qu’il était. Son discours ne trouve guère d’oreille et le vieil homme retourne errer dans les rues. Il commence alors à ressasser ce qu’il a vu, l’assassinat de Kennedy, la loi d’éviction des indiens et la reddition de Black Hawk en 1832, ou encore la guerre de sécession. A chaque fois qu’il y repense, il ne peut s’empêcher de se dire que son pays avait tout pour devenir un véritable havre de paix. Il pense qu’il faudrait écarter le pouvoir financier de la République sous peine de la voir chuter. En approchant d’un congrès donné par un candidat à un poste de sénateur, le vieil homme aperçoit un homme grimé en Oncle Sam, sur des échasses et encourageant le candidat. Le discours l’énerve passablement, celui-ci n’entendant pas la même chose, mais ce qu’il traduit comme étant vérité. Commençant à s’agiter fortement, le vieil homme se fait arrêter. Sa caution est alors payée par une vieille dame ayant tout l’air d’être sa femme et le suivant de loin et dans l’ombre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici un comics qui a fait grand bruit lors de sa parution aux Etats-Unis, en effet celui-ci tient un propos particulièrement subversif et emplis d’autos-critiques sévères vis-à-vis des systèmes politique et économique américains actuels. Qui de mieux que le personnage emblématique de l’Oncle Sam, protecteur et représentant de toute une nation, peut en désigner les maux ? C’est à travers ce principe que Steve Darnall nous livre un scénario complexe, abordant tour à tour les évènements majeurs de son pays. L’histoire de ce vieil homme est intéressante, car elle place ce personnage au confluant d’une vérité improbable (quel âge aurait-il ?) et de la folie. Les dessins d’Alex Ross sont absolument divins. Cet artiste nous montre que par le passé, il a été un peintre chevronné tant ses planches sont maîtrisés, les visages et les postures réalistes. Ses cadrages sont subtilement choisis mettant en avant son travail de fort belle manière. Il faut également signaler qu’aucune case ne subit de baisse de régime : elles sont toutes réussies. Ross nous montre au passage sa vision de notre Marianne, le temps d’une allusion. Ce one shot est une réussite tant scénaristique que visuelle, multipliant les provocations et les pistes de réflexion, une lecture fort divertissante !