L'histoire :
La petite « famille » de potes formée autour de Megg, Owl et Mogg se retrouve obligée de cohabiter avec une ribambelle de connaissances ou d'inconnus, à cause de la crise Covid venant de s'abattre sur l'ensemble du territoire. Tous ou presque sont flippés, à divers degrés, et la vie s'organise tant bien que mal, entre vidéos porno filmées pour les réseaux sociaux, autour de Werewolf Jones plus déchaîné que jamais, Megg noyant son chagrin avec Bogger de ne pouvoir jouer au dernier Animal Crossing, tandis que Mogg se détruit avec le gel désinfectant, et que Owl essaye de maintenir un minimum de vie sociale et de cohésion. Un incendie accidentel lors d'une soirée (encore) un peu trop arrosée va venir bousculer grandement ce début d'anarchie en miniature, projetant toute l'équipe dans le monde « réel » extérieur, complètement déboussolé, façon Walking Dead.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le sticker aux couleurs de chantier dangereux, collé en travers de la jaquette colorée avertit gentiment : « la première grande œuvre sur la pandémie ! ». Cette formule est bien sûr à prendre au troisième degré, le seul avertissement digne de ce nom consistant à prévenir le lecteur du contenu bien underground et scatologique qu’il va trouver à l'intérieur. Simon Hanselmann, auteur vedette de la communauté trans ne surprendra pas outre mesure les lecteurs habitués à ses publications aux éditions Misma, où ses personnages fétiches de Megg, la sorcière gentille camée ; Mogg, son amant le petit chat ; Booger, le trans ; Owl, le hibou sérieux ; Werewolf Jones, ours obsédé sexuel entouré de ses deux fils délurés, et une ribambelle de relations aussi tarées ont déjà bien implanté cet univers dégénéré. C'était sans compter sur l'épidémie du COVID-19, et son (ses) épisodes de confinement en 2020, qui ont été abordés en direct par Simon Hanselmann sur son compte Instagram, suivi par 10 000 personnes. Là, au long d'une histoire de 286 pages, l'auteur nous embarque dans un récit évoquant un Mutafukaz sous amphétamines, ajoutant des super pouvoirs à ses personnages paumés (il fallait que Owl vole !), les faisant s'affronter avec d'autres protagonistes, embarquant la série dans une dynamique Hard Boiled particulièrement addictive. Le tout avec un aplomb et une rigueur scénaristique qui pourrait paraître improbable et impossible au commun des mortels. Simon Hanselmann n'en est assurément pas un. Aussi, on pourra se ranger à l'avis de nos voisins américains lui ayant attribué un Eisner Award pour ce roman graphique, l'un des plus vendus de 2021. Lorsque la scatologie et l'humour sont aussi bien concoctés et associés, c'est de l'art !
