L'histoire :
Un homme se réveille au milieu de nulle part. Il semble revenir d'un KO, après avoir été traversé par une vison d'horreur. Des corbeaux, un œil dévoré qu'il voyait s’éloigner, prisonnier des serres du prédateur... Quand il ouvre bel et bien les deux yeux, d'innombrables volatiles le survolent. Ils semblent lui indiquer un chemin que l'homme aux habits en guenille prend alors. Il marche, jusqu'à atteindre ce qui ressemble à une ville en ruines. Le premier bâtiment fait office de resto. Le marcheur entre. Pas un chat, seul un type qui se tourne et l'invite à se joindre à lui, en prenant soin de lui dire qu'il l'attendait. Oui, il s'attendait à ce qu'il vienne l'aider dans son enquête. Le type a un dossier. Il sort une photo. Problème, le type sur la photo, celui-là même à qui il parle, le Dr Charpentier, est mort. Dans un naufrage. Le plus étrange des naufrages : un vaisseau échoué provenant d'une autre planète. Opération Janus. Tentative de vol lointain de l'armée de l'air. Propulsion révolutionnaire. Très confidentiel. Charpentier ne comprend pas. Il porte encore l'écusson militaire de la mission Janus, mais il a l'impression qu'une seule moitié de lui subsiste. Il n'arrive pas à recoller les morceaux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les lecteurs de Warren Ellis se comptent par millions. Il y a fort à parier qu'ils apprécient être emmenés là où l'on ne peut pas le soupçonner. Si Transmetropolitan reste pour beaucoup le « chef d’œuvre » inégalé, on avait déjà pu se régaler de The Authority ou un peu avant DV8, chez les fans d'Image. Puis vinrent Planetary, le magnifique Desolation Jones, Fell, un polar extraordinaire ou encore le monstrueux Black Summer. Plus récemment Trees et Injection, sans même parler des ses histoires pour le Big 2. Bref, nul ne peut lui contester le statut d'auteur culte. Si on s'attarde un peu sur la bio, c'est qu'il faut bien trouver un moyen pour vous en révéler le moins possible. Mais on peut vous DIRE que ce one-shot de 6 épisodes publiés par AfterShock Comics vous fait voyager loin, très loin. La « formule de base » est un grand classique dans les éléments qu'Ellis aime utiliser : un contexte SF, un personnage fort, porteur d'un secret et acteur d'un destin qu'il subit mais qu'il construit à la fois.Ce Dr Charpentier est pris dans des enjeux qui le dépassent, parce qu'il est aussi plein de défauts. Tout commence par quatre premières pages muettes et une première scène surréaliste. Acte 1 : le mystère et l'étrange. Et d'emblée, le graphisme de Phil Hester, encré par Eric Gapstur, fait mouche. Un trait au couteau et un cadrage qui offre systématiquement de la profondeur, le dessinateur (qui est un auteur complet) donne le vertige. Rares sont les dessinateurs qui ont autant de punch ; le visuel rappelle même un peu la narration de Jock, c'est dire si c'est beau ! L'ambiance fantastique est renforcée par les couleurs de Mark Englert, qui méritent le même qualificatif. Début de série impeccable !