L'histoire :
Cet album contient deux récits :
- Après la mystérieuse disparition de Tara King, Emma Peel reprend du service aux côtés de John Steed pour démêler une sombre affaire d'espionnage, qui les mènera tout droit au sein d'un club très British. Les membres de ce club sont victimes, les uns après les autres, d'assassinats semblant suivre les règles d'un étrange Jeu Doré.
- Le mari de Mme Peel rejoint le duo pour essayer de comprendre pourquoi des mayas apparaissent en pleine campagne anglaise, faisant disparaître les habitants d'une petite bourgade.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les adaptations de série télévisées en bande-dessinée ne sont généralement pas très heureuses. Ici, la série culte Chapeau Melon et Bottes de Cuir se voit néanmoins offrir une belle chance, puisque les artistes aux commandes de cette adaptation sont pour le moins renommés: Ian Gibson (Judge Dredd, Halo Jones, …) au dessin et Grant Morrison (faut-il citer son œuvre?) au scénario. La présence de Morrison est d'autant plus intrigante qu'outre son talent et ses origines britanniques, son intérêt prononcé pour l'occulte - à l'instar de son compatriote Alan Moore - semble en faire un auteur tout désigné pour l'OTNI (Objet Télévisé...) qu'est la série Chapeau Melon... La première histoire, "Le jeu d'or", s'inscrit à la fois temporellement et thématiquement en droite ligne des premières saisons de la série. Il s'agit ici d'instaurer une ambiance décalée, typiquement british et on baigne dans un surréalisme qui n'est pas sans rappeler une autre série culte: Le Prisonnier. Là où le bas blesse, dans cette histoire de jeu d'or, c'est que le dit-jeu ainsi que les indices faisant progresser l'enquête, sont essentiellement basés sur des jeux de mots britanniques difficiles à restituer en français. Les traducteurs ont beau faire le maximum, la compréhension d'une histoire déjà surréaliste en devient assez ardue. La seconde histoire, "L'arc-en-ciel mortel", ne souffre pas de ces problèmes de traduction. En revanche, l'ambiance est ici beaucoup plus proche des derniers épisodes de la série originelle, avec des éléments carrément surnaturels. On se retrouve au cœur d'une aventure dont l'ampleur des péripéties surpasse les motivations des protagonistes. On appréciera quand même les nombreuses allusions aux rapport de John Steed et Emma Peel, joliment illustrés. Le trait de Gibson est toujours très particulier, voire caricatural et ce n'est pas forcément au goût de tous. On regrettera que les traits de Patrick Mc Nee soient aussi joliment restitués alors que Gibson ne semble pas pouvoir ou vouloir, hélas, rendre la pareille à Diana Rigg, qui semble même parfois changer de couleur de cheveux. Morrison s'en sort mieux en réussissant, de manière surprenante, à ne pas partir dans des considérations mystiques personnelles et en essayant de rester le plus fidèle possible à la série. Les histoires sont surréalistes, certes, mais pas plus que dans la série TV. En somme, Chapeau Melon et Bottes de Cuir, la B.D., est une adaptation de qualité de la série TV et c'est à la fois sa principale qualité et son plus grand défaut, vu que ce sont surtout les fans de la série qui y trouveront leur bonheur. Les curieux et autres novices, possiblement attirés par le prestige des auteurs, seront quant à eux peut être déçus tant ces derniers ne sont pas à fond; Morrison s'étant essentiellement mis au service du matériau d'origine.