L'histoire :
En 2017, Ernesto prend l'avion pour rejoindre Los Angeles. Il doit y retrouver son cousin Carlos. Les deux hommes prennent la voiture pour regagner leur logement. En route, ils discutent. Ernesto confie qu'il n'a pas arrêté de penser à Carlos lors de son vol. Il a repensé plus particulièrement à toutes les difficultés que Carlos a dû rencontrer pour arriver jusqu'aux Etats-Unis, dix ans auparavant lorsqu'il a quitté le Salvador. Ernesto s'est aperçu qu'ils n'en avaient jamais discuté tous les deux. Il serait peut-être important que Carlos puisse lui raconter son périple. Ernesto se rappelle que lorsqu'il avait appris que Carlos fuyait illégalement avec sa mère pour passer la frontière, cette nouvelle l'avait assommé. Carlos le rassure, cela arrive à des milliers de gens quotidiennement, et certains traversent dans des conditions bien pires. Il n'empêche que chaque récit, chaque histoire, compte. Et si Carlos le lui permet, Ernesto aimerait prendre de son temps pour entendre la sienne. En 2006, Carlos vit avec sa mère au Salvador. Son père est parti du foyer, et c'est sa maman qui gère les dépenses. Elle doit travailler énormément pour tenter de gagner sa vie et couvrir les frais. A cette période moment, Carlos doit demander de l'argent à son père, qui ne lui en donne que très peu... Et il sait que sa mère commence sérieusement à songer à partir aux Etats-Unis. Un jour, il la retrouve dans le salon, à discuter avec des passeurs. Il sait que c'est une mauvaise idée, que les sommes sont importantes, que c'est risqué. Mais elle a pris sa décision. Carlos ne veut pas quitter ses terres ni les siens, mais il ne peut prendre le risque de laisser sa mère partir seule. Alors il décide de l'accompagner dans ce dangereux périple, direction les Etats-Unis.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce roman graphique relate l'histoire familiale de l'auteutr, Ernesto Saade : la migration de son cousin et de sa tante, qui ont fui le Salvador pour rejoindre les Etats-Unis avec des passeurs. Le récit alterne les points de vue. D'un côté, nous suivons la discussion, dix ans après les faits, entre Ernesto et Carlos, son cousin. De l'autre, nous sommes plongés dans les souvenirs relatés par Carlos, nous les revivons avec lui. L'histoire est prenante, nous vivons les émotions fortes, le stress et l'angoisse, l'amour profond, la peur, avec les protagonistes. Nous suivons les différentes étapes qu'ils ont traversées, les embûches sur le chemin, les pièges dans lesquels ils sont tombés. Avec eux, nous ressentons la soif, le froid, la fatigue. Côté scénario, donc, l'auteur réussit à nous happer. Nous vivons cette immigration au plus proche des gens directement concernés. Les illustrations ont un côté très rond, qui permet, en plus des échanges entre cousins à notre époque, de prendre de la distance par rapport à un terrible voyage, car le dessin n'est pas réaliste. Un détail cependant peut perturber, concernant la colorisation. De près, en effet, les traits ne sont pas nets, un peu flous, ce qui ne rend pas la lecture très agréable. Ce récit de vie poignant confirme l'intérêt du 9ème art pour faire passer des messages, raconter des parcours de vie et éveiller les consciences.