L'histoire :
A l’est du Tchad, en 2008, Adrian Djimdim, qui conduit un mini van signé des Nations unis, prend en stop un homme, caméra sur l’épaule. C’est un américain qui répond au nom de David Axe. Alors qu’ils arrivent au camp de réfugiés d’Iridimi, Adrian le reconnaît comme correspondant du Washington Post, l’un des plus grands journaux américains. En fait, David travaille pour le Washington Times, détenu par une secte religieuse, et C-Span, un équivalent privé de La Chaîne Parlementaire aux Etats-Unis. Il a appris à ne pas corriger ses interlocuteurs, ça lui ouvre beaucoup de portes…Quand Adrian lui demande pourquoi il a choisi de venir au Tchad, David a envie de répondre « pour les réfugiés du Darfour »… mais la réponse est plus complexe. Elle passe par un nombre important de lieux pourris par la guerre et visités par le jeune homme. Irak, Liban, Timor Oriental… le quotidien de David est rouge et noir.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
D’emblée, on est choqué par le titre. Forcément : War is boring, la guerre est ennuyeuse. Ça pose le propos. Et puis ces pages noires, lourdes, qui vont rythmer le récit. Forcément, David Axe veut livrer une image négative de ces guerres qu’il parcourt depuis des années. Correspondant de guerre, c’est un métier particulier, où l’on côtoie la mort chaque jour. Mais David Axe ne s’en inquiète peu, on a quelquefois l’impression qu’il la cherche. Et lui-même se pose la question… Le lecteur a droit au quotidien sordide du journaliste en zone de guerre. C’est noir, triste et sans vie. Mais David Axe semble marqué par cette expérience, car ses retours à la normale sont aussi vides et tristes que les temps de guerre. Il court après une vie qu’il n’arrive pas à maîtriser. La ligne claire de Matt Bors est aussi simple et noire, tout entière tournée vers le soutien du récit. Cela donne un album âpre, facile à lire mais dur à encaisser. Noir, désengagé, on pense à L’étranger de Camus, bien sûr, pour un journaliste qui semble éloigné de tout, et qui semble ne pas être le seul, puisque son collègue Ted Rall, qui signe la postface, se reconnait dans cet état d’esprit à la limite du suicidaire. Choc.