L'histoire :
David Crook est arrêté en Chine en 1973 alors qu'il se trouvait à l'université. Il sait bien qu'il n'a rien fait et n'a rien à se reprocher mais les gardes rouges ne l'entendent pas de cette manière. Ils l'emmènent et l'enferment dans un camp d'isolement. David a tout le temps de penser à ce qu'il s'est passé. Tout a commencé en 1938. Le jeune Crook tente l'aventure et se rend à Shanghaï. Des ressortissants étrangers le rassurent : le teint européen ouvre des portes. Beaucoup de blancs ne paient même pas leur repas ou les hôtels et ne vivent qu'à crédit car les Chinois ont confiance. Il parvient à trouver un emploi stable auprès de l'université de St John : il sera professeur d'anglais ! Il veut également connaître la Chine dans sa globalité et fait le tour du pays en train. Un guide lui montre ce qu'est vraiment la Chine : une communauté gigantesque où beaucoup ont du mal à vivre correctement. De retour à l'université de Nankin, David rencontre une fille de missionnaire : Isabel. Lui qui croyait tomber amoureux d'une asiatique, il finit par être sous le charme d'une étrangère ! La rencontre avec les parents d'Isabel n'a pas forcément été facile : David est communiste et athée donc il n'est pas forcément bien vu. Malgré tout, Isabel ne veut pas le perdre et leur relation s'intensifie. Son séjour en Chine commence donc idéalement...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après la biographie de Joe Shuster, père de Superman, Julian Voloj écrit la biographie du professeur d'université David Crook. Cet homme est en effet intéressant à plus d'un titre puisqu'il aura traversé plusieurs périodes historiques en Chine. Ainsi, il est profondément communiste à cause du krach boursier de New York, puis, agent double du KGB, puis honnête fonctionnaire, avant d'être arrêté et soupçonné de trahison ! C'est donc un parcours de vie qui nous est expliqué de façon précise et détaillée. Pour éviter la lassitude et le côté chronologique de la biographie, Voloj multiple les flash-blacks en se servant des dessins de Henrik Rehr qui jouent sur les fondus enchaînés. Le passé éclaire le présent et met en lumière de façon encore plus forte le devenir de ce personnage vaincu par le système qu'il défendait. Évidemment, la partie la plus émouvante est celle où on le voit enfermé (il aura passé 5 ans en prison pour rien) et continué à se battre pour survivre. Les passages de torture psychologique des interrogatoires sont également saisissants et dévoilent l'horreur du communisme chinois. Le récit est donc à la fois touchant par ses anecdotes de vie simples et très documenté par ses nombreuses références historiques. Dessiné en noir et blanc, ce roman graphique est agréable à lire. Même si certaines postures sont figées, l'ensemble est plutôt réussi, particulièrement les paysages chinois envahis par la pluie ou la neige. Une plongée intéressante dans les affres de la Chine sous l'ère Mao.