L'histoire :
Buddy Baker est un père aimant, papa de trois enfants, vivant dans un pavillon au milieu d'un lotissement bien tranquille. La seule chose le différenciant de ses pairs est la faculté peu commune de reproduire par mimétisme les capacités des animaux. Ce don lui a été transmis lors de l'explosion d'un vaisseau extraterrestre auprès duquel il se trouvait un peu trop près. Aujourd'hui il végète un peu, et souhaiterait pouvoir rejoindre la Ligue de justice, afin d'obtenir un emploi à plein temps. Les événements ne vont cependant pas attendre pour le mettre en danger lui et sa famille, et lui rappeler la lourde responsabilité lui incombant vis à vis du règne animal...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lorsqu'en 1987, Grant Morrison est contacté par des chasseurs de tête de chez DC comics au Royaume-Uni afin de revitaliser les séries, suite au succès d'Alan Moore sur Swamp Thing, l'auteur se souvient de son penchant pour le personnage mineur d'Animal Man créé en 1966 dans la revue Strange Aventures. Il propose quatre épisodes pour une mini-série qu'il compte laisser ensuite à qui veut bien. Mais les lecteurs apprécient et un mensuel au nom du héros est proposé. Grant Morrison va la développer en apportant sa touche particulière, entre autre en traitant de la relation entre le personnage et son (ses) créateur(s). S'ensuit une poignée d'épisodes consacrée à « l'invasion », issus d’un Crossover DC global de l'époque. Une distorsion du continuum a lieu, dépossédant notre héros de ses pouvoirs. C'est à ce moment là que la cause animale prend vraiment de l'ampleur, l'auteur mettant toute sa ferveur à la défendre, par le biais d'éléments très concrets. L’épisode il court il court le renard étant une pique contre la chasse en Angleterre, ou bien dans Une nature animale montrant le rapport cruel de certains humains avec les armes et la chasse, et l'introduction du personnage du Dieu blanc africain; mais aussi dans le dernier : Le réveil de l'animal où l'apartheid, qui rappelons-le, était encore en cours en 1989, est dénoncé. Lire Animal Man de cette époque provoque un sentiment étrange, mêlé du plaisir de la découverte d'une série vintage, avec des références socio-politiques plus vraiment d'actualité, et d'un dessin typique des années quatre-vingt, cependant très agréable, avec l'impression d'un scénario global se cherchant encore. Cela est confirmé par l'auteur lui-même dans son prologue, expliquant le rôle charnière de l'épisode 5 (sur 14 dans ce premier volume). Ceux suivant ensuite méritent davantage notre attention, et gagnent en maturité scénaristique. De fait, les superbes couvertures de Brian Bolland, insérées en inter chapitre et commentées en fin d'album, apportent leur part de mystère et de valeur ajoutée au propos souvent humoristique de Grant Morrison. La série va connaître une belle évolution jusqu’au numéro 25 par le même scénariste, puis passer à d’autres, pour une maturité sans cesse améliorée, pour finir à son pinacle avec Jeff Lemire. (Trois volumes Urban comics 2012-2014). Ce premier volume est écologiquement d’à propos, graphiquement vintage, et globalement très agréable. Espérons la suite afin de pouvoir lire les épisodes intermédiaires.
