L'histoire :
Le petit Bruce est fasciné depuis toujours par l’extraordinaire super-héros Batman. Il faut dire qu’il a beaucoup de points communs avec lui : son nom Wainwright avec une pause bien placé peut le confondre avec Bruce Wayne. Il a aussi un oncle qui est son Alfred à lui : Alton Frederic... Al... Fred ! Heureusement, il a encore ses parents ! Un soir d’Halloween, le petit Bruce met son costume préféré : celui de son idole, Batman. Il récolte pas mal d’argent dans les rues de Boston. Pour lui, c’est une évidence : Boston est Gotham et non New York ou n’importe quelle autre ville. Avec ses rues tortueuses, mystérieuses et inquiétantes, la ville ressemble à celle de Batman. Bruce finit par rentrer à la maison dans les bras de ses parents, frustré malgré tout de ne pas avoir rencontré dans le coin d’une ruelle sombre un Joker ou un Pingouin ! Cependant, quand ils arrivent devant la maison, ils se rendent compte que la porte est ouverte. Son père est pourtant sûr d’avoir bien fermé le verrou. Quand ils entrent, ils voient horrifiés de nombreux objets par terre et des voleurs en train de tout saccager. Ils sont armés et braquent leurs armes sur les arrivants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après la réédition de Superman identité secrète, la collection Black Label sort l’intégrale de cette mini série en quatre numéros, toujours scénarisée par Kurt Busiek. D’emblée, on comprend qu’on a à faire à un récit exigeant et complexe. Busiek oscille subtilement entre roman graphique et comics et propose des frontières floues et poreuses entre les genres. La metafiction est troublante puisqu’un jeune adolescent, fan de Batman, connaît le même destin tragique que son idole de papier. Sauf qu’il découvre petit à petit une réalité sourde d’une créature de la nuit qui ressemble à s’y méprendre au justicier de Gotham. Le héros est piégé dans sa psyché tant et si bien qu’on ne sait pas s’il est plus perspicace que les autres ou tout simplement fou. Le pauvre lecteur sera bien plus piégé dans cette infernale mise en abyme puisqu’on lit un comics sur un personnage qui croit que son comics préféré prend vie ! Cette étonnante idée donne lieu à des pages dignes des grands auteurs classiques de fantastique tel Maupassant ou Lovecraft où le héros a des visions sans être sûr qu’elles soient réelles. Paranoïa ou réalité ? Cette question va vous hanter pendant tout l’album et ce ne sont pas les voix off profondes et dérangeantes qui vous extirperont de ce malaise. Cette histoire est surtout un sacré défi pour John Paul Leon (le célèbre dessinateur de Earth X) qui joue sans arrêt sur l’absence/présence de la créature et sur un ton introspectif et crépusculaire. Son Dark Knight ressemble à une créature de Mike Mignolia, inquiétant spectre vengeur au regard rougeoyant. Jamais Batman ne vous remettra autant en question...
